Suite à la demande de l’ONU vendredi dernier, la conférence des évêques brésiliens « a rejeté la possibilité d’autoriser l’avortement en cas de microcéphalie » (cf. L’avortement, seule réponse « efficace » face à l’épidémie Zika ? ). Elle estime « qu’il est opportuniste de rouvrir ce débat après l’explosion de cas liés au virus Zika ».
Monseigneur Leonardo Ulrich Steiner, secrétaire général de la conférence nationale des évêques du Brésil, a déclaré : « La microcéphalie existe au Brésil depuis des années. Ils en profitent pour revenir sur le sujet de l’avortement ». Mais « l’avortement favorise l’eugénisme, une pratique pour sélectionner les personnes parfaites ». Le président de la conférence, Monseigneur Sergio da Rocha, a « défendu quant à lui le principe de ‘valoriser la vie dans n’importe quelles conditions’ (…) ‘Une moindre qualité de vie ne veut pas dire un moindre droit de vivre, avec moins de dignité’ ».
Albert Barrois, directeur de recherche et bloggeur, a pour sa part analysé la situation au niveau scientifique et déclare que « le lien entre microcéphalie et le virus Zika est au mieux très faible ». Mais « Nature, The Lancet, et jusqu’au Bulletin de l’OMS ont beau répéter ce simple constat, rien n’y fait », l’ensemble des alertes et des dispositions sanitaires s’appuie sur ce lien hypothétique. De la lecture des revues scientifiques, on peut conclure que « l’augmentation du nombre de microcéphalie pourrait être largement dû au fait qu’on ne les diagnostiquait pas suffisamment avant, et que le critère retenu est trop vague, générant deux tiers de faux positifs ». Pour Albert Barrois, il est bien plus urgent de « se pencher sur le problème des microcéphalies qui à ce jour semble spécifique au Brésil », de « chercher à confirmer ou invalider le lien entre microcéphalie et Zika sans tarder » et « surtout de s’attaquer au vecteur de Zika ».
AFP (10/02/2016); Albert Barrois (10/02/2016)