Dominique Memmi est à l’initiative d’une des plus grandes enquêtes menées ces dernières années auprès d’une dizaine d’établissements hospitaliers parisiens, de nombreuses pharmacies et enrichie par l’observation d’une centaine d’entretiens médicaux. L’objectif est de mesurer l’évolution des pratiques concernant la vie et la mort ainsi que les rapports entre les soignants et les malades en France. Sur des sujets comme la procréation assistée, l’interruption volontaire de grossesse (IVG), l’interruption médicale de grossesse (IMG), les soins palliatifs et l’euthanasie : comment cela se passe-t-il concrètement dans les hôpitaux, qui décide ?
Les pratiques médicales varient selon les médecins, les patients. Il n’est pas du même effet sur la patiente de parler de "bébé", d’"embryon" ou de "foetus" lors d’un entretien avant une IVG. Face au handicap, "l‘anthropologie spontanée des vies méritant d’être vécues est fluctuante" : un "bec de lièvre" peut-il être l’objet d’une IMG ?
Cette enquête souligne que si la France dispose d’un bel "édifice juridico-politique", la législation médicale est bâtie sur "l’idée d’un sujet autonome, parfaitement conscient de ses actes, capables de motiver ses choix". Or ce postulat est loin d’être évident.
* Faire vivre et laisser mourir. Le gouvernement contemporain de la naissance et de la mort de Dominique Memmi, La Découverte.
La Croix (Jean-François Petit) 30/01/03