USA : Séisme politique à la cour suprême

Publié le 8 Juil, 2005

La démission de la juge Sandra O’Connor, et l’annonce de la démission prochaine du président de la Cour suprême, William Rehnquist, provoquent un véritable séisme au sein des partis politiques américains.

En effet, la Cour suprême des Etats-Unis, cumule à la fois les pouvoirs de la Cour de cassation, du Conseil d’état, et du Conseil constitutionnel français, elle se prononce régulièrement sur des sujets de société cruciaux comme l’avortement, l’euthanasie, le suicide assisté… Le choix des successeurs de ces deux juges est donc considéré comme très important par chaque parti. Les décisions de la Cour pouvant basculer dans un sens ou dans l’autre.

Les 9 juges de la Cour suprême sont établis à vie. Ils sont nommés par le président des Etats-Unis, puis approuvés, ou non, par le Sénat. Sandra O’Connor, plutôt conservatrice, jouait un rôle d’arbitre, votant tantôt avec les libéraux, et tantôt avec les conservateurs. Le président de la Cour suprême, quant à lui, était connu comme ultra-conservateur. La Cour jouant un rôle d’arbitre impartial, sa composition a toujours été volontairement équilibrée. Le choix du président Bush pourrait donc être de nommer un conservateur, et un libéral, pour conserver  cet équilibre.

Les démocrates attendaient avec impatience la démission du juge Rehnquist trop conservateur pour eux, tandis que les conservateurs,eux, attendent depuis plus de 10 ans une modification de la Cour en leur faveur. La proposition de George W. Bush, pourtant "pro-life", de nommer Alberto Gonzales (actuellement ministre de la Justice) en remplacement de la juge O’Connor met donc les républicains en fureur, celui-ci étant considéré comme trop libéral par rapport à l’avortement. Les démocrates, eux, verraient d’un bon oeil cette nomination. Même la possible nomination du juge conservateur Antonin Scalia comme président de la Cour suprême ne satisferait pas le camp républicain, qui constitue pourtant le soutien naturel de George Bush.

Face aux critiques des conservateurs, le président Bush a déclaré "Al Gonzales est un de mes meilleurs amis. Je n’aime pas qu’on attaque mes amis." Cette attitude du président américain est considérée comme puérile par les partis politiques, il aurait dû argumenter sur les qualités de son "ami" pour ce poste, plutôt que d’arguer de sa qualité d’ami du président.

Le débat est donc très agité au sein de la classe politique américaine, qui pense déjà aux élections législatives de l’année prochaine.

Libération (Pascal Riché) 08/07/05 – CNN.com 08/07/05 – nytimes.com 08/07/05

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