Philippe Busquin, ancien commissaire à la recherche a accordé une interview au Monde. Il explique les raisons pour lesquelles il a signé la pétition de soutien aux chercheurs italiens lancée par un groupe international de biologistes qui souhaitent la remise en cause de la loi de bioéthique.
Il estime que ces chercheurs sont "victimes d’une pression obscurantisme qui nuit à l’équilibre de la science européenne". Il estime que l’on peut être à la fois catholique et mener des recherches condamnés par l’Église. Il cite, pour illustrer, l’exemple de l’Université catholique de Louvain. Il rappelle qu’il a signé cette pétition de la même manière que lorsqu’il était commissaire à la recherche et qu’il avait publiquement soutenu le mouvement de révolte des chercheurs français contre la loi de bioéthique.
Il estime que les couples italiens stériles sont victimes d’une injustice sociale, qui "n’est pas sans rappeler cette autre injustice conséquence des législations différentes sur la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse".
Interrogé sur la relation entre la libéralisation des pratiques d’assistance médicale à la procréation et ses préoccupations de chercheur, il confirme que "cette libéralisation permet de fournir aux chercheurs les outils biologiques indispensables à leurs travaux".
Il compare les législations d’autres pays de l’Union européenne dans ce domaine et notamment l’Allemagne. Il rappelle que dans ce pays, "le poids du passé nazi a conduit à inscrire dans la Constitution l’impossibilité de faire de l’expérimentation à partir de l’humain".
Le Monde (Jean-Yves Nau) 13/06/05