Directrice du Centre d’éthique clinique à l’hôpital Cohin (Paris), Véronique Fournier revient, dans Libération, sur "le droit de mourir à la française" et un certain "péril éthique" sévissant chez certains de nos voisins (comme en Belgique, aux Pays-Bas ou encore en Suisse) et dénoncé par les conclusions de la mission Leonetti.
Elle essaie donc, en premier lieu, de montrer qu’une certaine "barbarie" règne en France : "chez nous aussi, (…), il se rencontre, et souvent, des gens qui comme en Belgique, disent que s’ils ont vraiment la maladie d’Alzheimer (…) il faudra (…) que tout soit fait pour que cela s’arrête" ; "en France comme en Suisse, des personnes âgées ou moins âgées disent (…) qu’ils ont assez vécu"… Et pourtant, selon elle, contrairement à nos voisins, nous n’avons pas pris la mesure "de ce que nous devons aux personnes malades du fait de la médicalisation des maladies et de la chronicisation sans fin qu’elle amène".
Quant à la loi Leonetti, Véronique Fournier estime qu’"elle ne saurait clore le débat sur les questions que soulèvent l’accompagnement de fin de vie et la mort", "ne serait-ce que parce que jamais aucune loi ne réussira à tracer une frontière étanche entre ce qui est et ce qui n’est pas de l’euthanasie". Elle explique qu’arrêter de nourrir et d’hydrater une personne est une forme d’euthanasie et s’interroge alors sur les raisons d’interdire l’euthanasie par d’autre moyens, comme chez nos voisins.
Libération (Véronique Fournier) 09/10/08
