Dans une « carte blanche » donnée à Nicolas Gompel et Benjamin Prud’homme par le quotidien Le Monde, les deux généticiens s’interrogent sur la valeur que l’on peut accorder aux corrélations faites entre des données séquencées. Ils précisent qu’il est aujourd’hui possible de produire un grand nombre données en un temps record : ainsi en est-il de la possibilité de séquencer « en quelques heures, le génome de n’importe quel être vivant, plusieurs centaines de millions de lettres d’ADN ». On peut « connaître l’activité de ces génomes avec une précision inouïe” et avoir “un aperçu exhaustif et global d’un processus cellulaire ou du génome d’un organisme ». Au final, des liens peuvent ainsi être identifiés « entre l’information génétique et certaines caractéristiques biologiques, telles des prédispositions génétiques à certaines maladies. » Mais pour N. Gompel et B. Prud’homme, « ces liens ne sont que des corrélations, plus ou moins fortement soutenues par des probabilités, et non pas des liens de causalités. […] Une corrélation positive entre deux variables n’implique pas forcément que l’une détermine l’autre. »
Si des corrélations peuvent être établies, « peuvent-elles remplacer l’approche expérimentale de faire fi des tests de causalités?” Pour ces généticiens, les deux approches sont complémentaires : « ces corrélations doivent […] être considérées comme autant d’hypothèses à tester. […] A ce jour, rien ne remplace la force des tests expérimentaux et l’analyse cartésienne pour identifier des liens de causalités“. Bien qu’elle puisse prendre beaucoup de temps et être particulièrement onéreuse, l’expérimentation “reste un pilier essentiel de la compréhension ».
Le Monde “Sciences & médecine” (Nicolas Gompel – Benjamin Prud’homme) 08/10/2014