Le 22 avril dernier, la Ministre britannique de l’Egalité a annoncé son projet de modifier pendant l’été la loi sur la reconnaissance du genre de 2004, afin d’empêcher que les enfants puissent subir des processus irréversibles de « changement de sexe ». Si les adultes peuvent « faire ce qu’ils jugent approprié de faire de leur vie personnelle », il est nécessaire de protéger « les individus qui développent encore leur capacité de décision ». On doit empêcher « les enfants de prendre des décisions qui peuvent avoir un impact irréversible sur leur bonheur futur ».
Cette décision intervient après des suspicions de sur-diagnostic de la dysphorie de genre. Ainsi, Tavistock, un centre spécialisé dans cette pathologie semble avoir diagnostiqué la dysphorie de genre avec une rigueur scientifique douteuse (cf. Les mineurs face au changement de sexe : “des violences inédites contre les enfants”). Le nombre d’enfants qui y ont été traités pour dysphorie de genre est passé de 72 en 2010 à 2 590 en 2019, dont 1 814 avaient moins de 16 ans et 1 740 étaient des filles. Par ailleurs, l’âge minimum pour recevoir des bloqueurs hormonaux est passé de 16 ans en 2011 à 11 ans. Parmi les irrégularités signalées figure l’application de bloqueurs hormonaux à des garçons et des filles qui ne correspondaient pas vraiment aux cas de ce type. Plusieurs spécialistes se sont plaints d’avoir été poussés à sur-diagnostiquer cette pathologie par crainte d’être qualifiés de “transphobes”. Pour protester contre ce “sur-diagnostic” de la dysphorie, 35 psychologues du centre Tavistock ont finalement démissionné en trois ans (cf. Surdiagnostics de dysphorie de genre chez des enfants : 35 psychologues démissionnent au Royaume-Uni).
Le cas de Kiera Bell, une jeune fille traitée dans ce centre, montre que les décisions n’ont pas toujours été prises de manière « éclairée et concertée ». Après seulement trois consultations, elle a reçu des hormones bloquant à 16 ans puis un traitement aux hormones mâles à 17 ans, et une double mastectomie à 20 ans. Aujourd’hui, âgée de 23 ans et ayant stoppé le traitement pour se faire « assigner » le sexe masculin, elle conserve des poils sur le visage. La jeune fille a fini par poursuivre la clinique en justice (cf. Royaume-Uni : une jeune femme poursuit la clinique où elle a subi une « transition de genre »). « Je pense que le système d’affirmation actuellement appliqué à Tavistock est inadéquat, car il ne nous permet pas d’explorer ces sentiments de dysphorie de genre, ni d’enquêter sur les causes sous-jacentes de ce trouble », affirme-t-elle. « Je ne pense pas que les enfants ou les jeunes devraient pouvoir consentir à l’utilisation de médicaments hormonaux expérimentaux aussi puissants, comme je l’ai fait ».
Source : One of Us (12/05/2020)