Selon une étude intitulée "My Daddy’s Name is Donor" (Le nom de mon père est donneur), les enfants nés suite à une insémination avec donneur (IAD) souffrent d’un fort sentiment d’incompréhension. Ce rapport a été demandé par la Commission sur l’avenir de la condition parentale, un groupe d’universitaires et d’experts qui réfléchit à "la situation juridique, éthique, sociale et scientifique des parents dans la société contemporaine".
L’étude a porté sur 1 680 personnes de 18 à 45 ans, réparties en trois groupes égaux : celui des personnes nées après IAD, celui des adultes adoptés et enfin le groupe des adultes élevés par leurs parents biologiques. Elle a été réalisée entre les 10 et 28 juillet 2008.
L’impossibilité de connaître ses origines est une cause de malaise chez les personnes nées à la suite de ces interventions. Près de la moitié des sondés admettent se sentir mal dans leur peau, avec un sentiment d’avoir subi un préjudice, et sont troublés par les "circonstances" dans lesquelles ils ont été conçus.
Le sentiment de malaise est aggravé par l’aspect mercantile de leur conception : pour 42% d’entre eux, la vente de gamètes à des couples demandeurs est une "mauvaise chose". Leur trouble lié à leur expérience n’est pas partagé par les adultes ayant été adoptés (24%) ni par ceux issus de leurs parents biologiques (21%). 25% des adultes nés suite à une IAD pensent que "personne ne les comprend vraiment", contre 13% des enfants adoptés et 9% des enfants nés de l’union de leurs parents.
La crainte de l’inceste est très présente chez ces adultes, ils redoutent d’avoir une relation avec un frère ou une sœur. 46% d’entre eux affirment : "Quand je suis attiré(e) par quelqu’un, je suis inquiet(e) du fait que je pourrais lui être apparenté(e)". Chez les adultes ayant grandi dans une famille adoptive, seuls 16% redoutent une telle situation.
La souffrance de ces adultes est peut-être une cause de difficultés sociales. Ils sont proportionnellement deux fois plus nombreux que les enfants élevés par leurs parents biologiques à avoir des "problèmes avec la loi" et à consommer des stupéfiants de façon abusive. Toutefois, la proportion concernant les adultes ayant été élevés par des parents adoptifs est identique.
Enfin, 38,5% de ces adultes ne comprennent pas que l’on puisse "délibérément concevoir un enfant sans père", et 36% d’entre eux s’opposent même au don de sperme. 67% d’entre eux réclament que le secret sur le donneur soit levé. La Commission sur l’avenir de la condition parentale retient cette demande en proposant notamment que soit mis un terme à l’anonymat du don.
Le marché de la fertilité est en croissance, et représente actuellement 3,3 milliards de dollars par an.
Le Monde.fr (Brigitte Perucca) 08/06/10