La « paternité tardive » interroge les médecins « dès lors qu’il y a demande d’assistance médicale à la procréation ». Pour les femmes, la loi fixe l’âge limite de la prise en charge d’une PMA à 43 ans, mais « elle ne dit mot sur les hommes, qui doivent être ‘en âge de procréer’ ». Cette question a été débattue lors des 21èmes journées de la Fédération française d’étude de la reproduction (FFER) à Paris.
« Il n’existe pas de synthèse relatant un risque cumulé, qui intègre toutes les pathologies que pourrait rencontrer un enfant dont le père est avancé en âge », constate le Docteur Geoffroy Robin (gynécologie, andrologie et médecine de la reproduction au CRHU de Lille). Toutefois une revue de littérature parue en 2010 « montre bien un lien entre un âge avancé et des altérations de la qualité du sperme », entrainant un risque significatif pour l’enfant de développer des anomalies cytogénétiques, dont une trisomie 21. Il y a bien une « décroissance réelle mais lente des capacités de reproduction pour les hommes à partir de 34 ans ».
Sur le plan psychologique, « on ne peut généraliser l’impact de l’âge du père sur l’enfant ». Pour le psychiatre Serge Hefez, « ces pères ont à cœur de tisser une relation forte avec l’enfant, ce qui entre en balance avec les points négatifs. Mais une telle paternité remet en question les normes de la société, jusqu’à provoquer des séparations dans les familles, où des pères âgés enfantent en même temps qu’un fils ou une fille issu d’une première union ».
Le débat est donc éthique. Parmi les médecins sondés par l’équipe de Joëlle Belaish Allart, « la moitié plaide pour une inscription dans la loi » et une majorité est « favorable à ce que l’assurance maladie conditionne le remboursement à un âge limite ». Dans les faits, « plus de 84% des praticiens disent prendre en compte l’âge de l’homme dans les demandes d’AMP, les femmes la fixant davantage à 55ans que les hommes, plus libéraux, qui voient au-delà des 60 ans ».
Pour l’Agence de Biomédecine, le sujet est à l’ordre du jour : un groupe de travail a été constitué en vue d’un prochain plan d’action d’AMP et de la révision de la loi de bioéthique.
Le quotidien du médecin, Coline Garré (29/09/2016)