A l’approche de la présidentielle, l’ « accès à la procréation médicalement assistée (PMA) des couples de femmes et des célibataires » est de nouveau revendiquée, notamment par le gynécologue obstétricien René Frydman et un certain nombre de médecins (cf. PMA : le professeur René Frydman a-t-il enfreint la loi ?). Accéder à cette demande « revient de fait, à abandonner le critère de l’infertilité médicale », pour pouvoir « répondre à l’infertilité sociétale », soit « l’incapacité d’enfanter non pas en raison d’une pathologie mais bien d’un mode de vie, célibat, homosexualité ». Mais pour le député Jean Leonetti, « le médecin ne peut-être le régulateur de ses propres pratiques ». En outre, le médecin répondrait à une demande individuelle « mais sa réponse engage les valeurs collectives d’une société ». Le philosophe Thibaud Collin explique que cette revendication procède de « la logique de l’individualisme libéral, et dans cette logique, la société doit être au service de la satisfaction des désirs individuels ».
Ce « désir d’enfants » sans limite fait peu de cas « d’une question centrale : peut-on priver de manière délibérée un enfant d’une partie de son ascendance et de sa généalogie ? En donnant ses gamètes pour permettre une PMA, le donneur de sperme, qui ne prétend aucunement être un père, ne donne pas un simple matériau biologique pour autant… ». La théologienne Catherine Fino, professeur à l’Institut catholique de Paris estime que refuser l’élargissement de la PMA « est une question de justice. Les enfants à naitre ne sont pas encore là pour s’exprimer. Il revient donc à la loi de les représenter et de les protéger face à des adultes qui revendiquent un droit à l’enfant, ce qui n’a pas lieu d’être entre personnes humaines, et qui vont à l’encontre du droit de celui-ci ».
En outre, cette question relancerait également le débat sur la légalisation de la gestation pour autrui, « car les arguments de fond sont les mêmes : liberté, satisfaction du désir d’enfant grâce à une technique disponible et déjà utilisée à l’étranger et surtout égalité ».
Pour Catherine Fino, « notre société a tendance à croire que le progrès technique, qui a permis tant de choses, va pouvoir résoudre tous nos problèmes. Mais le passage du ‘je peux le faire’ au ‘je dois le faire’ est justement tout l’enjeu du discernement éthique (…). Sans cette réflexion, on perd la maitrise des progrès techniques ».
La Croix, Marine Lamoureux – Loup Besmond de Senneville (28/03/2017)