Suite au choix du Parlement portugais d’autoriser la GPA dans un but « altruiste » (cf. PMA, GPA : le Portugal ouvre toutes les portes), une tribune du Figaro questionne sur une « internationalisation du business de l’enfant ». Pouvons-nous accepter d’« utiliser le corps d’une femme pour produire un enfant, et cela sans la moindre contribution pour les neuf mois de grossesse ‘commandés’ » ? L’absence de rétribution permettrait-il vraiment de ne pas faire du corps de la femme un « container » et de l’enfant une marchandise ? Mais n’est-ce pas plutôt de l’exploitation, une maltraitance ?
Pour la GPA comme pour la PMA, le recours à un don de gamètes est nécessaire. Or les difficultés, la souffrance des enfants adoptés ou nés de donneurs anonymes en quête de leur origine sont connues. Ce type de pratiques amène nécessairement à ces problématiques complexes d’identité et de filiation.
« Nous cherchons à pallier l’infertilité d’hommes et de femmes, mais nous aboutissons à une situation injuste pour les enfants », note Anne-Sixtine Pérardel. Conseillère en vie affective et sexuelle, elle soulève un point singulier, non négligeable : selon elle, pour la quasi-totalité des personnes qui ne peuvent avoir naturellement le bébé que la loi et la science leur permettent d’obtenir, la blessure causée par leur condition d’infertilité n’a pas été accompagnée. Le bébé donné vient combler un vide, « il devient alors le médicament de ses parents, qui sans forcément en être conscients agissent avec égoïsme ». « Le bébé ne pourra être désiré pour lui-même que dans un contexte de deuil accompli », assure-t-elle.
Pour elle, avant de proposer une PMA ou une GPA, qui ne sont pas anodines, pour pallier au manque, il est urgent de développer un accompagnement pour écouter la souffrance réelle de ces couples infertiles, car le bébé obtenu ne pourra « être une réponse adéquate à la complexité des difficultés, émotions, souffrances qui se posent quand on ne peut pas avoir d’enfants naturellement ».
La PMA et la GPA sont selon elle « un business exploitant la souffrance des hommes ».
Le Figaro, Anne-Sixtine Pérardel (17/05/2016)