Mettre le feu au matelas de son grand-père pour l’« aider à mourir » ?

19 Avr, 2024

Une femme de 32 ans encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir tué son grand-père en mettant le feu à son lit médicalisé. La défense « plaidera le suicide assisté ».

Elle a « aspergé d’un verre d’essence » le lit de son grand-père

Manuel A. était hébergé par sa fille et son gendre depuis quatre ans. Agé de 95 ans à sa mort, il était alité depuis deux ans. Le 23 août 2020, alors que ses parents étaient sortis dîner, Emilie G. a mis le feu à une feuille de papier et « aspergé d’un verre d’essence » le lit de son grand-père. Ses parents l’ont retrouvé « gravement brûlé, dans une chambre remplie de fumée, aux murs couverts de suie ».

Emilie G. assure qu’elle a voulu « mettre fin à la souffrance de son grand-père ». Selon le médecin légiste, il est mort d’une « intoxication sévère », « asphyxié par les fumées dans son sommeil ». Le praticien ne s’est pas prononcé sur « la souffrance de la victime dans ses derniers instants ».

Pas de détention provisoire

Mise en examen le 23 octobre 2020, Emilie G. n’a pas passé un seul jour en détention provisoire. Son contrôle judiciaire a en outre été régulièrement assoupli. Le procès devant la cour d’assises du Rhône est prévu au mois d’octobre.

Emilie G. risque une peine de réclusion à perpétuité mais « son avocat espère un verdict sans prison ferme ». « Elle n’est pas dans une démarche militante sur l’euthanasie », indique Me Thibaut Clauss. « Elle explique son geste mais le regrette. »

Un discernement altéré ou une forme d’omnipotence ?

Alors qu’un expert psychiatre « retient l’atténuation de son discernement, compte tenu des liens très fort unissant la jeune femme à son grand-père », une autre expertise met, à l’inverse, en avant « une forme d’”omnipotence” » d’Emilie G., « sans retenir d’atténuation de sa responsabilité ». En effet, Emilie G. a tué son grand-père le jour où elle a découvert une infidélité de son mari. Dès lors, l’experte estime que son acte est lié à la « projection de la violence qui lui avait été faite par son compagnon dans la journée », voire avec « un comportement à tonalité suicidaire ».

Pour l’avocat et essayiste Erwan Le Morhedec, également bénévole en soins palliatifs, cette affaire « montre surtout comment un proche, avec ses propres affects et troubles, a pu prendre sur elle la décision de la mort ». « Si cela révèle une complexité, n’est-ce pas la facilité avec laquelle on recouvre un meurtre de motivations altruistes ? », interroge-t-il sur X. Et de s’indigner : « Notre société a-t-elle déjà dévissé pour que l’on puisse écrire, dans Le Monde, que cramer son grand-père à l’essence “pose la question de la fin de vie”, sans que cela suscite une once de réaction ? »

 

Sources : Le Figaro, Antoine Sillières (19/04/2024) ; Le Monde, Richard Schittly (16/04/2024)

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