L’usage de l’ADN hors de son contexte

Publié le 3 Oct, 2007

Le débat qui a lieu en ce moment sur le recours aux tests ADN  pour les candidats au regroupement familial est l’une des conséquences de l’entrée croissante des sciences du vivant dans les champs du social, de la politique ou de la morale.

L‘usage de l’ADN humain hors de son contexte a commencé il y a environ 30 ans, dans le milieu criminel avec la méthode des empreintes génétiques. Il s’est poursuivi avec les reconnaissances en paternité et aujourd’hui se développe dans le domaine policier, avec la création des fichiers contenant la signature génétique des personnes ayant déjà commis des crimes. Cette puissance des analyses génétiques devrait peut être servir à recenser prochainement l’ensemble de la population britannique (cf. Synthèse de presse du 05/09/07). La génétique ne serait plus alors au service de la santé, mais servirait les objectifs de sécurité civile ou militaire.

Avec l’usage de la génétique pour autoriser ou non l’entrée sur le sol français des étrangers, "on prend incidemment tous les risques inhérents aux actions fondées sur le primat d’un biologique en passe d’être sacralisé", explique Jean-Yves Nau, journaliste au Monde. Les opposants à ce projet se basent sur les dispositions de la loi de bioéthique en vigueur depuis 1994, qui, quelle que puisse être la vérité biologique, préserve les liens filiaux tissés au sein d’une même famille. Si cette vérité est valable pour les familles françaises, pourquoi ne le serait-elle pas pour ceux qui souhaitent venir vivre en France ? s’interroge le journaliste. "Qui trouvera les raisons d’imposer à des étrangers des mesures réglementaires qui ne peuvent pas concerner des français ?", se demande t-il. Il faut aussi penser aux conséquences, à terme, de ce qui réduit l’identité de la personne à son patrimoine génétique, réduisant l’acquis à quelque chose de sans valeur.

Ce débat intervient au moment où la science va de plus en plus loin en matière de dépistage, comme le montre l’affaire Metagenex, ce laboratoire qui commercialise un test de dépistage du cancer (cf. Synthèse de presse du 03/09/07). Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) recommande que ces tests soient, à l’avenir, évalués par une instance indépendante avant d’être commercialisés : "ce n’est pas à la technique de dicter son usage", a souligné le CCNE.

"La question n’est plus de savoir si nous allons vers un meilleur des mondes mais de savoir vers quel meilleur des mondes nous allons", déclarait Jean Rostand en 1967, une maxime qui est toujours d’actualité.

Le Monde (Jean-Yves Nau) 03/10/07

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