La loi « sur les droits des malades et la fin de vie » pose le principe de l’interdiction de « l’obstination déraisonnable », et la définition des procédures d’arrêt de traitement et des obligations imposées aux établissements de santé en matière d’organisation de soins palliatifs.
La question de la nutrition est centrale. Elle est largement discutée au sein des équipes médicales. La loi permet désormais de suspendre la nutrition artificielle, c’est-à-dire de cesser de nourrir par sonde gastrique ou veineuse les patients incapables de s’alimenter par eux-mêmes. Plusieurs types de malades sont potentiellement concernés : les grands vieillards, les malades en fin de vie, mais aussi les patients en état végétatif chronique ou ceux qui, comme Vincent Humbert, sont conscients, mais emmurés dans leur corps.
Dans son article, Marianne Gomez a interviewé le docteur Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul – Brousse (Villejuif). Pour lui, poser une sonde d’alimentation peut faire violence à un patient qui n’en tirera de toute façon aucun bénéfice durable… « Quel intérêt y a-t-il à alimenter ainsi des malades en fin de vie, surtout si l’on sait que cela peut prolonger leur agonie ? Cela s’apparente à du gavage… »
L’euthanasie est interdite en France mais il y a clairement un risque de dérive dans l’administration de substance pour atténuer la douleur, soulignent les docteurs Devalois et Trivalle : « il ne faudrait pas que certains soignants interprètent la loi comme une autorisation de pousser un peu plus la seringue ». Il faut que la volonté de soulager la souffrance soit bien première et le risque d’entraîner la mort second dans l’intention du médecin.
Mgr Ricard, président de la Conférence épiscopale, a tenu à souligner les ambiguïtés du texte de loi : « beaucoup dépendra de la façon dont la loi sera interprétée et appliquée par les médecins. Il est donc souhaitable que les autorités compétentes veillent à faire établir, en ces domaines si délicats, des règles de bonne conduite médicale ».
La Croix (Marianne Gomez) 15/04/05 – Le Quotidien du Médecin (Stéphanie Hasendal) 15/04/05