Une étude de l’Ined publiée aujourd’hui montre que si le « souhait majoritaire » est de mourir chez soi, c’est en réalité « une situation peu fréquente » : « Ce qui nous a marqués, note la responsable de ce travail de l’Ined, Sophie Pennec, démographe, c’est de voir qu’un mois avant le décès, les trois quarts des personnes vivent chez elles. Et au final, pourtant, seul un petit nombre mourra à domicile. »
Les auteurs de cette étude se sont appuyés sur l’enquête « Fin de vie en France » de 2010 qui analysait près de 15 000 décès :
- Un quart des français meurent chez eux (20% au Royaume Uni, 18% en Norvège et 24% aux Etats Unis).
- « Quatre semaines avant le décès, seulement 29% des personnes sont déjà hospitalisées ».
- « L’éventualité d’un départ de l’hôpital pour regagner son domicile est rare : 2% ».
- 62% des personnes transférées à l’hôpital vont bénéficier le plus souvent de traitements à visée curative « alors que l’intérêt thérapeutique n’est pas évident ».
Sophie Pennec conclut que « notre société a tendance à médicaliser la fin de vie, ce qui rend souvent l’hospitalisation incontournable. (…) Le domicile reste le parent pauvre des politiques de développement des soins palliatifs en France ».
Pour le médecin et journaliste Jean Yves Nau, « c’est là un bien beau, un bien noble sujet de réflexion politique et médicale ». Il pointe en effet un autre chiffre clef de l’enquête « Fin de vie en France » : « Le médecin connait le lieu de décès souhaité à la fois par le patient et la famille dans 21% des cas ; dans 16% des cas, il ne dispose que de la préférence de la famille et dans 5% que celle du patient ».
Libération (01/07/2015); Jean Yves Nau (01/07/2015)