Dans ce pays de plus d’1 milliard d’habitants en proie à la malnutrition et aux ravages des cultures par les insectes, les interrogations sur les risques liés aux OGM sont loin de susciter autant d’inquiétudes qu’en Europe. Au contraire, le gouvernement est ici le plus ardent défenseur des cultures transgéniques, susceptibles selon lui d’améliorer la productivité agricole, de réduire les dépenses en pesticides et d’assurer la souveraineté alimentaire et nutritionnelle du pays.
Assis Datta, un chercheur Indien explique : « Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’ignorer le potentiel des OGM. » De fait, 47 % des enfants indiens de moins de 5 ans souffrent de malnutrition, et près de 40 % des récoltes sont perdues tous les ans, victimes des maladies et des insectes. Aujourd’hui, treize différentes plantes font l’objet d’analyses poussées à travers le pays : le riz, le chou, le chou-fleur, le soja, la tomate, la moutarde, la pomme de terre, les épices ou encore le tabac.
L’Inde compte en effet plus d’une dizaine de centres de recherche, dont l’un deux affirme avoir développé une pomme de terre dont le contenu en protéine serait de 35 à 50 % supérieur à la normale.
Pour l’heure, la seule culture transgénique à avoir reçu le feu vert des autorités est non comestible : le coton. Développées par la multinationale américaine Monsanto, les 3 variétés légalisées en 2002, sont censées être plus résistantes aux parasites.
Mais certaines études indiquent que l’introduction du coton transgénique semble avoir décuplé la résistance de certains insectes. Résultat : le « coton miracle », plus cher à l’achat a finalement besoin de presque autant de pesticides qu’avant.
Dans ce contexte, certains se demandent si le gouvernement ne fait pas fausse route. N’est il pas risqué de fournir aux 650 millions de paysans des graines qui, si elles ne tiennent pas leurs promesses, les ruineront ?
Libération ( Pierre Prakash) 24/02/04