La scientifique américaine Melissa Ilardo vient d’identifier une modification génétique chez un peuple indigène indonésien. Les Bajau, plongeurs expérimentés, ont tous en commun une modification génétique facilitant leur aptitude à la plongée.
Surnommés les « nomades de la mer », ils passent leurs journées à faire de la pêche sous-marine, jusqu’à 60 % du temps, descendent jusqu’à 70 mètres de profondeur « avec pour seuls équipements des poids et un masque de bois », et peuvent passer jusqu’à 13 minutes sous l’eau sans respirer[1]. Des capacités incroyables qui interrogent, et qui ont poussé la scientifique à mener des investigations.
Ses recherches ont donné des résultats étonnants : il s’avère que les Bajau ont une rate 50 % plus grosse que celles des peuples voisins. La rate est l’organe qui libère de l’oxygène dans le sang quand quelqu’un retient son souffle. Melissa Ilardo a alors comparé l’ADN des Bajau avec celui d’autres populations. Plusieurs sites génomiques avaient des différences importantes, notamment sur le gène PDE10A, bien connu chez les souris « pour réguler l’hormone thyroïdienne qui contrôle la taille de la rate, ce qui soutient l’idée que les Bajau ont peut-être évolué pour que leur rate dispose de la taille nécessaire pour accompagner leurs longues et fréquentes plongées » explique l’étude. Il reste cependant à vérifier que ce gène PDE10A influe aussi sur la taille de la rate des humains.
Cette découverte pourrait permettre également des avancées dans la recherche sur le comportement de l’organisme face au manque d’oxygène dans différentes situations comme « la plongée mais aussi l’altitude, une intervention chirurgicale ou une maladie pulmonaire ».
[1] Etude publiée dans la revue Cell
AFP (20/04/2018)