Le Diagnostic Pré Implantatoire (DPI) doit permettre à des couples porteurs de maladies génétiques de s’assurer qu’il ne les transmettrait pas à leurs enfants.
Or, le développement de cette pratique conduit à s’interroger sur la vocation de cette technique. Peut-on vraiment affirmer que le DPI représente un progrès médical majeur ou est-ce la voie vers un nouvel eugénisme?
Si le DPI permet (en sélectionnant sur une dizaine d’embryons, un embryon à réimplanter) de repérer certaines maladies comme la mucoviscidose. Des tris peuvent également être opérés sur des embryons ayant des prédispositions à des pathologies comme des cancers par exemple. Ainsi va t-on pouvoir éliminer des embryons sur un critère incertain.
A Chigaco, le reproductive Genetics Institute a utilisé cette méthode de diagnostic pour sélectionner un embryon de façon à ce que le bébé puisse fournir à sa sœur malade, les cellules nécessaires à sa survie.
Jacques Testart, pionnier de la fécondation in vitro s’insurge aujourd’hui contre les dérives du DPI “Où va t-on s’arrêter? Au bec de lièvre, à l’asthme, à la myopie, à la couleur des yeux quand on aura identifié les gènes? Ce sera la victoire de la norme, le refus de la déviance”.
Cette sélection génétique s’inscrit dans un long processus construit en à peine trente ans, de maîtrise de la naissance tant au niveau de la “quantité” que de la “qualité”. Ainsi l’arrivée de la pilule a t-elle permis dans les années 70 de maîtriser la fertilité. Puis dans les années 80, la fécondation in vitro a entraîné un recul de l’infertilité. Enfin le contrôle de la “normalité” du bébé s’est forgé avec l’émergence de la biologie et de l’échographie. Le DPI quant à lui est arrivé à la fin des années 80.
Libération (C. Bensimon) 22/12/2001