Le post-humanisme, la technique dans la vie quotidienne et les mouvements prônent une modification de l’homme afin d’améliorer ses capacités physiques, psychiques, ou encore pour repousser son espérance de vie.
Jean-Michel Besnier, professeur de philosophie à l’université Paris-Sorbonne (1) et auteur de nombreux ouvrages sur le post-humanisme, dénonce les organismes qui cherchent « à améliorer l’homme, à ‘l’augmenter’, grâce à la puissance des sciences et des techniques », certains « souhaitant même l’émergence d’une espèce nouvelle ». Il y a donc plusieurs degrés dans le « techno-prophétisme » : chaque organisation appartient « à des courants variés, sans véritable cohésion, ni doctrine commune, du plus soft au plus extrême ». Tous, cependant, tendent à s’appuyer sur le progrès technique pour modifier l’humanité.
Le philosophe s’inquiète du poids économique et politique de ces courants transhumanistes : il cite notamment le projet Calico de Google (qui vise à repousser les limites de l’espérance de vie) et Ray Kurzweil, le mentor de l’Université de la singularité, qui a été conseiller spécial de Barack Obama.
Le dossier de la Croix consacre un reportage à cette Singular University, située dans la Silicon Valley, qui entreprend d’importantes recherches sur l’amélioration de l’intelligence humaine et artificielle, ainsi que sur l’allongement de la durée de vie. Ils prévoient que l’intelligence artificielle dépasse celle de l’homme à l’horizon de 2050, et annoncent la « mort de la mort ». « C’est une avant-garde qui repousse les limites que s’impose la société », résume Sonia Arrisson, impliquée dans ces projets.
* Dans ses prochaines éditions, le cahier « Science et éthique » de La Croix étudiera en trois autres volets la question du transhumanisme.
La Croix (03/11/2015)