Dans une tribune pour le journal Le Figaro, l’avocat et essayiste Erwan le Morhedec, s’insurge devant la proposition de la Convention citoyenne d’un possible « consentement indirect » à l’euthanasie[1]. Une possibilité reprise par Emmanuel Macron dans son discours face aux conventionnels, au titre des « éléments irrécusables de convergence », des « bornes, en deçà desquelles vous estimez que nous ferions fausse route » (cf. Fin de vie : La Convention citoyenne rend sa copie).
« Il reviendrait déjà aux juristes et aux philosophes de s’interroger sur la possibilité même d’un consentement indirect », pointe l’avocat (cf. Fin de vie : le Sénat mène aussi des travaux). « Peut-on consentir par l’intermédiaire d’un tiers, pour le futur, dans une situation que l’on ne vit pas présentement ?, interroge-t-il. Est-ce seulement un consentement ? Cela a-t-il un sens, conceptuellement ? »
Pour Erwan Le Morhedec, il s’agit là d’« écueil grave contre lequel notre conscience doit se dresser ». « Car demain, non seulement il sera possible d’administrer la mort, mais il sera possible de l’administrer à une personne qui ne la demande pas, sur la foi des paroles d’un tiers, fut-il de confiance, pointe-t-il. Même la Belgique n’a pas osé. »
Prévoir un « consentement indirect », « ce n’est pas poser un garde-fou, c’est faire le lit d’inéluctables dérives », assure-t-il. Interpellant Emmanuel Macron, l’essayiste se dit inquiet : « ce n’est peut-être qu’un seul point du rapport et de votre allocution », mais « qu’a-t-on compris au sujet, qu’a-t-on compris à la fin de vie et aux risques vertigineux de l’euthanasie lorsque ce point reste aveugle ? »
[1] « Pour les citoyens, le discernement doit être systématiquement pris en compte et analysé, de façon à s’assurer de la volonté libre et éclairée du patient. Ce discernement peut être exprimé de façon directe ou indirecte, via les directives anticipées ou la personne de confiance », indique la synthèse du rapport des conventionnels.
Source : Le Figaro, Erwan Le Morhedec (07/04/2023)