En ce début du mois de novembre, 175 associations de bénévoles en soins palliatifs ont décidé de « sortir de l’ombre » avec un appel pour promouvoir l’accompagnement de la vie jusqu’au bout, via un texte en douze points publié sur un mini-site dédié laviepaslamort.fr.
Intitulé « 12 raisons de dire non à l’euthanasie et oui aux soins palliatifs », ce texte n’est pas sans précédents (cf. La SFAP s’insurge : « Donner la mort n’est pas un soin ») mais « il va plus loin ». Le ton « se veut résolument pugnace », et la vidéo « pédagogique », en reprenant les arguments invoqués pour l’euthanasie. Ainsi, en réponse à la phrase « chacun doit vivre dans la dignité jusqu’au bout de sa vie » utilisée par les partisans de l’euthanasie, les bénévoles en soins palliatifs « rappellent que la ‘dignité’ de l’être humain ne se décrète ni ne s’octroie : elle est », et écrivent que « considérer que l’on assure la dignité d’une personne en lui donnant la mort est une défaite de l’humanité ».
Plus loin, l’appel affirme que « la loi doit protéger les plus fragiles », car « le choix fait ‘par quelques personnes déterminées’ de hâter leur mort ‘pèserait sur tous les plus faibles : les personnes isolées, âgées ou d’origine étrangère’ ». « L’interdit de tuer structure notre civilisation » rappellent encore les bénévoles, et le « principe élémentaire de précaution devrait nous dissuader » de le transgresser.
Fortes de leurs expériences, ces associations partagent que « demander la mort n’est pas toujours vouloir mourir », que « la fin de vie reste la vie » et nous réserve « d’ultimes et imprévisibles moments d’humanité ». En outre, l’euthanasie requiert l’action du soignant et romprait la relation de confiance entre la personne malade et celle qui la soigne.
Enfin, les dérives observées à l’étranger ne nous épargneraient pas : « Une fois légalisée l’euthanasie des patients en fin de vie, on en vient à celle des mineurs, puis des personnes atteintes de troubles mentaux (…), puis l’on passe outre les conditions fixées par la loi, et parfois même outre le consentement du patient. »
Au contraire, l’appel plaide pour que les soins palliatifs soient un « droit pour tous ».
Si la culture même de ces associations « ne les prédispose pas à prendre une parole publique et à entrer dans une posture militante mais à privilégier leur action discrète et silencieuse », elles sortent aujourd’hui de l’ombre qui a pu être un prétexte pour les dénigrer.
La Croix (4/11/2018); Hospimedia (4/11/2018)