La sédation “est une paralysie, non un sommeil”

Publié le 2 Mar, 2015

Sylvain Pourchet, ancien directeur de l’Unité soins palliatifs à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif, est interviewé par Ouest-France sur le nouveau droit à la sédation profonde et continue créé dans la proposition de loi Leonetti-Claeys.

 

Sylvain Pourchet commence par recadrer le débat en précisant que la fin de vie n’est pas synonyme de souffrances et que “l’agonie n’est pas forcément douloureuse”. Il rappelle également que “c’est naturel de mourir”, ce n’est pas une maladie en soi.

 

A la question de savoir si la sédation est une bonne solution pour éviter au patient en fin de vie de souffrir, il répond : “Ne pensez pas que la fin de vie c’est douloureux et que le traitement c’est la sédation. Cela ne marche pas comme ça”, car la sédation “est une paralysie, non un sommeil”. Elle peut être utilisée quand “tous les autres formes de traitement -qui suffisent dans la majorité des situations-“, ont été épuisées.

 

Sylvain Pourchet précise que la sédation ne peut rien contre les souffrances existentielles, au contraire. “La sédation coupe la relation. Or la relation est le meilleur médicament de l’angoisse.”

 

La sédation comme réponse unique se retourne contre les patients en fin de vie. “En pensant tout résoudre par un médicament, on interdit la recherches de meilleures solutions, celles qui sont les plus appropriées au malade et à sa situation.”

 

Dans la proposition de la loi Leonetti-Claeys, il est également prévu de créer un droit aux directives anticipées opposables. Le cumul de ces deux nouveaux droits a pour conséquence de rendre possible la prescription d’un traitement (sédation) sur des “bases non médiales” (la volonté du patient). Pour Sylvain Pourchet, si le médecin est tenu de “ratifier” un droit du patient et que l’expertise médicale n’est plus requise, “pourquoi serait-ce au médecin de l’appliquer ?”

 

Il conclue son entretien par un rappel plein de sagesse : “Le droit fondamental du patient n’est pas de prescrire son médicament, mais d’être soigné de façon optimale en toutes circonstances”.

Ouest-France (Jeanne Emmanuelle Hutin) 2/03/2015

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