La perte d’autonomie liée au vieillissement : un défi à anticiper

25 Avr, 2023

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a rendu le 12 avril un avis en séance plénière sur « la prévention de la perte d’autonomie liée au vieillissement ». Il a été adopté à l’unanimité avec 118 voix pour.

Un vieillissement sans précédent

Dans cet avis, le CESE réaffirme « la place essentielle qu’occupent et qu’occuperont nos aînés au cœur de la société ».

« La société française est à la veille d’un vieillissement démographique sans précédent, marqué par une augmentation de la part des “très âgés” au sein même d’une population âgée croissante, appelant ainsi à repenser d’urgence nos politiques de prévention et de prise en charge de la perte d’autonomie » rappelle-t-il (cf. Grand âge : le manque d’ambition de l’exécutif ?).

De nombreux acteurs interviennent sur ce sujet, dans un système complexe. « L’ambition est là, mais, si l’on se place du point de vue des citoyennes et des citoyens, l’action des pouvoirs publics manque de visibilité et d’effectivité, alors même que l’urgence s’accentue » alertent les membres du conseil.

« Le défi de la prévention de la perte d’autonomie est devant nous. Bien qu’elle augmente avec l’âge, la perte d’autonomie n’est pas la conséquence inéluctable du vieillissement. » Sa prévention est primordiale insistent les conseillers.

Après avoir fait un état des lieux, le CESE propose 19 recommandations destinées à déployer des solutions opérationnelles pour prévenir et accompagner la perte d’autonomie dans tous les domaines. Ces préconisations sont présentées autour de 6 axes.

Changer nos regards

« Reconnaitre la place des personnes âgées dans la société et lutter contre l’âgisme » est le premier axe retenu (cf. Garantir le « bien vieillir » exige de « nouvelles expressions de la solidarité nationale »).

Changer notre regard sur l’âge est un préalable afin de combattre les discriminations pouvant exister à l’encontre des personnes âgées.

Sans nier ni même minimiser les réalités, il s’agit de « lutter contre les perceptions négatives » et de renforcer « une perception plus positive de leur rôle » indique l’avis.

La contribution positive des personnes âgées à la cohésion sociale pourra ainsi être valorisée propose le CESE. « Des activités intergénérationnelles qui réduisent les préjugés » pourront être développées afin de « mettre en avant la complémentarité entre générations ». Une nouvelle campagne nationale de communication est également proposée.

Réduire les expositions aux risques

Le CESE insiste aussi sur « la nécessité de réduire, tout au long de la vie, les expositions aux risques de santé en inscrivant la prévention de la perte d’autonomie dans une politique de prévention globale ».

« Veiller sur le maintien des capacités des personnes qui avancent en âge est essentiel pour prévenir la perte de l’autonomie » indiquent les conseillers.

Parmi leurs préconisations, ils proposent qu’un troisième rendez-vous de prévention soit désormais obligatoire pour toutes personnes, dès l’âge de 55 ans, afin de les sensibiliser sur les facteurs de risques liés à l’âge. Une attention particulière pourrait aussi être accordée au départ à la retraite avec le déploiement des « rendez-vous d’accompagnement à la retraite ».

Il est également suggéré d’« encourager les prescriptions médicales d’activités physiques adaptées et de diététique pour toute personne âgée en les inscrivant dans les objectifs de santé publique des professionnels de santé » et en assurant leur prise en charge.

Adapter le logement

Tenir compte du logement et mettre en place un « parcours de l’habitat » est un autre axe retenu par cet avis. Le CESE considère en effet que « l’habitat peut être un facteur de risque de perte d’autonomie alors qu’il peut contribuer à sa prévention avec de l’anticipation ».

Afin d’anticiper les conséquences de la perte d’autonomie et d’examiner l‘adaptation du logement, la réalisation d’un « diagnostic habitat vieillissement » pourrait être systématiquement proposée dès 55 ans.

Le CESE recommande également « d’encourager et soutenir les investisseurs immobiliers, notamment les bailleurs, dans le développement de solutions alternatives relevant de l’habitat partagé, regroupé ou inclusif ».

Il conviendrait aussi de « faire des Ehpad des “maisons médicalisées pour personnes âgées” et des lieux de vie en renforçant leurs moyens financiers et humains » via un conventionnement avec les ARS et les départements.

Soutenir les aidants

Autre point soulevé par l’avis, celui des moyens. Le CESE propose de « recruter dans les métiers de l’accompagnement et mieux soutenir les aidants ».

Pour cela, il recommande de « poursuivre la revalorisation des métiers et des conditions de travail et de consacrer le rôle que jouent les professionnels de l’accompagnement dans la prévention de la perte d’autonomie ».

« Il y a en particulier une contradiction entre ce que ce rôle exige en termes d’attention, de vigilance vis-à-vis de l’état de la personne âgée, et la programmation de temps d’intervention excessivement courts. Ces pratiques sont incompatibles » notent les conseillers.

« Si 90 % des personnes de plus de 75 ans peuvent rester chez elles jusqu’à la fin de leur vie comme elles en expriment régulièrement le souhait, c’est essentiellement grâce à leur famille et à leurs proches » rappellent-ils. Il convient donc de soutenir les aidants, « acteurs à part entière de la prévention de la perte d’autonomie ».

Pour cela, l’avis préconise de les former, mais aussi de « faciliter leur accès à une offre de répit adaptée ». « Augmenter le montant de l’allocation journalière du proche aidant (Ajpa) et aligner la durée du congé de proche aidant sur celle du congé de présence parentale » fait également parti des pistes émises par le CESE.

Ces préconisations seront elles prises en compte dans la loi grand âge ? Tout comme le plan sur les soins palliatifs, ne pourraient-elles en outre pas être un préalable à toute réflexion sur la fin de vie ?

 

Photo : Pixabay

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