Le sociologue Philippe Bataille, directeur d’étude à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) analyse la loi Claeys-Leonetti quelques mois après son adoption (cf. Les députés et les sénateurs adoptent définitivement la loi fin de vie et font entrer dans le droit “la logique euthanasique”). Favorable à l’euthanasie, il dénonce les « limites » de ce texte et son « caractère opaque ». Il démontre toutefois que la sédation profonde et continue jusqu’au décès, loin d’être un soin de fin de vie, est un « opaque laissez-tuer-sédatif à la française qui invisibilise ce qu’il prétend combattre ».
Ainsi, la loi Claeys-Leonetti « ne résiste pas aux tendances législatives qui s’ouvrent à l’euthanasie et au suicide assisté partout ailleurs qu’en France ». Philippe Bataille décrypte le concept de sédation profonde et continue : « Enfouir l’intentionnalité d’un décès dans le masque du sommeil, fait de la sédation profonde sans réveil, à la fois l’euthanasie belge (…) l’aide médicale à mourir canadienne qui englobe euthanasie et suicide assisté ; le jeune suicide assisté californien qui sollicite une euthanasie ; le suicide euthanasique suisse. La mort médicalisée déborde l’interdit de tuer que brandissent les pourfendeurs de l’euthanasie et du suicide assisté qui accouchent d’un paradoxe dont le silence fait loi ».
La sédation profonde et continue n’est donc qu’une « parade » qui « occulte l’intentionnalité du décès » et « va à l’encontre de l’éthique de la responsabilité médicale et de la confiance que les patients placent en leur docteur ».
Journal International de Médecine (4/06/2016)