Avec les récents évènements traversés par la France, la mort s’impose sur le devant de la scène dans une société qui l’a pourtant reléguée au rang de « tabou », « parce que marquée par l’individualisme et la culture du progrès technique et scientifique, dans laquelle certains veulent même voir la promesse de l’immortalité ». Un rapport à la mort qui se révèle dans le « décalage entre la réalité de la mort et la manière dont on l’annonce, froidement, comme un fait d’actualité, sans que celui suscite la moindre réflexion ».
Pour Françoise Dastur, qui a publié La mort, essai sur la finitude, c’est le caractère temporaire de notre être qui « seul donne sens à notre existence, une existence portée par et vouée à la mort ». Accueillir l’idée de sa mort peut aider à « prendre conscience de sa finitude » et à l’accepter, à « accepter ses faiblesses » dont la mort est la limite ultime, et « la seule certitude commune à tous concernant la condition humaine ».
La mort nous rappelle que « la vie n’est pas un acquis », qu’ « elle ne nous appartient pas », explique Marie-Jo Thiel, directrice du Centre européen d’enseignement et de recherche en éthique (CEERE) à l’université de Strasbourg. Elle ajoute que « l’on est à la fois tout et à la fois rien. Que la vie est un souffle qui peut s’éteindre à tout moment ». Elle est « un don, et non un dû, elle reprend toute sa valeur ». Et « cette finitude intrinsèque à l’homme lui permet de prendre conscience de la responsabilité qui lui est confiée et de la nécessité et l’urgence de faire fructifier sa vie ».
La Croix (10&11/09/2016)