Le quotidien La Croix consacre une interview à Jean Leonetti, député UMP, qui vient de mettre en place son groupe de travail pour évaluer la loi de 2005 sur la fin de vie (cf Synthèse de presse du 04/04/08).
Il explique que sa mission a 2 volets : d’une part, évaluer concrètement la loi sur le terrain et réfléchir aux solutions à mettre en place pour remédier aux insuffisances constatées, d’autre part savoir si la loi répond à toutes les situations et s’il faut la modifier.
Il rappelle que la loi de 2005 couvre la fin de vie, pas la demande de suicide assisté venant d’une personne qui estime que sa vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Toutefois, il estime que sa loi apporte une réponse dans 95 à 99% des cas. "Dans 1 à 5%, on se trouve devant une situation apparemment insoluble. Je veux examiner concrètement ces situations, comprendre pourquoi il y a des difficultés, pourquoi la loi est soit mal interprétée, soit inapplicable."
Interrogé sur les malades en état végétatif chronique, il reconnaît qu’il convient de préciser les choses. Pour lui "maintenir durant plusieurs années une nutrition artificielle chez une personne en état végétatif prolongé" est un traitement disproportionné mais "ce n’est pas sortir de la loi que se poser la question du retrait de la sonde, tout cela évidemment collégialement et en concertation avec la famille".
Sur la question des grands prématurés, il reconnaît que la médecine pourrait bientôt savoir avec certitude quels sont ceux d’entre eux qui sont condamnés à une vie végétative. Dans ce cas, il s’interroge : "faut-il tout faire pour que ces enfants vivent?".
Il souligne qu’il va travailler sur "une exception d’euthanasie" mais ajoute qu’il "faudra déterminer ce que l’on entend par cette expression".
Par ailleurs, Jacques Ricot, philosophe, estime que "la revendication actuelle n’est pas une revendication du droit à mourir dans la dignité, c’est une revendication du droit à se suicider ou d’être aidé dans son suicide" et que la loi Leonetti "tient ferme le discours éthique entre "le laisser mourir" et le "faire mourir"".
La Croix (Marianne Gomez) 07/04/08