A la veille de la révision des lois de bioéthique qui portera notamment sur les conditions de mise en œuvre de l’Assistance médicale à la procréation (AMP), Libération décrit le "quotidien dans un service de procréation assistée", celui du Pr René Frydman, à l’hôpital Antoine-Béclère à Clamart. La journaliste cite ainsi l’exemple de trois patients.
La première, âgée de 22 ans et enceinte de 18 semaines souhaite pratiquer une interruption médicale de grossesse (IMG) parce que son bébé a, comme elle, un bec-de-lièvre. Ce genre de malformation n’entraîne normalement pas d’IMG, mais les médecins en discutent en "staff". Pour Paul Atlan, gynécologue-obstétricien, "quand il y a une demande aussi forte, c’est difficile de dire non". Muriel Flis-Trèves, psychiatre et psychanalyste, estime que "sa demande n’est que le reflet de sa souffrance". Finalement, la décision sera reportée et on apprend à la fin de l’article que la jeune femme est parie en Hollande pour se faire avorter.
La deuxième envisage de recourir à un don d’ovocytes. Elle s’est rendue en Espagne et en est revenue "avec beaucoup de questions" qu’elle pose à Muriel Flis-Trèves : "quelle est la motivation de la donneuse. Le défraiement ? Et puis il y a la notion financière : est ce qu’on va acheter son bébé ?". Surgit aussi la question des origines.
La troisième est déjà mère de deux enfants, enceinte de jumeaux et souhaite une réduction embryonnaire (avortement d’un des deux embryons, NDLR). La psychiatre prévient tout de même : "mon expérience en AMP m’a montré que même quand c’est raisonnable de faire ce geste (quand on a des triplés ou plus) les femmes ressentent une culpabilité".
Par ailleurs, Eric Favereau revient sur le rapport préparatoire à la révision des lois de bioéthique rendu public, mercredi 26 novembre, par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) (cf. Synthèse de presse du 27/11/08). Pour le journaliste, "ce texte se borne à marquer quelques pistes de changement, à noter d’éventuelles interrogations, les sages se refusant à aborder clairement les questions qui clivent". Rappelons que sur la forme même de la loi, le CCNE écrit qu’il faudra choisir entre "une loi détaillée ou une loi-cadre qui laisserait plus de place aux bonnes pratiques", entre "une loi provisoire ou une loi ayant vocation à la permanence"…
Libération (Charlotte Rotman, Eric Faverau) 28/11/08