Andras Paldi, directeur de recherche au laboratoire de biologie moléculaire de l’Institut Jacques Monod à Paris, remet en question la théorie actuelle du déterminisme génétique selon laquelle “les gènes contiennent l’information nécessaire et suffisante pour le développement d’un organisme vivant“.
Il explique que “pour savoir comment le vivant fonctionne, il faut arriver à comprendre les types d’interactions entre les différents composants et les lois qui dirigent ces interactions. Ces lois ne sont pas codées dans le génome“.
Pour Andras Paldi, l’enjeu de la prochaine révolution génétique sera de “redonner sa place à l’ADN dans l’énorme complexité d’interactions biologiques du vivant” c’est à dire de montrer que les gènes ne contrôlent pas tout et qu’ils sont seulement un des éléments du fonctionnement cellulaire. La prochaine ère de la génétique sera l’épigénétique, c’est à dire l’étude des processus qui proviennent de la cellule elle-même et de l’environnement cellulaire.
Andras Paldi fait remarquer la présence “d’une industrie très puissante qui fonctionne autour du “tout génétique” ou du “tout ADN”. Les intérêts vont désormais bien au delà de la science“. “Les intérêts économiques représentent une pression supplémentaire sur les scientifiques aussi bien dans le choix de l’orientation des recherches que dans la façon de présenter et d’expliquer ces choix“.
Andreas Paldi, reconnaît dans le développement d’un organisme une sorte de “hasard canalisé” qui perturbe l’ADN. Ainsi en ce qui concerne la thérapie génique, il explique “qu’on s’aperçoit qu’il ne suffit pas de remplacer le morceau défectueux dans le mécanisme parce qu’il manque la dimension du temps“. De la même manière, “il est extrêmement prématuré de parler de clonage thérapeutique“.
Le Figaro (Yves Miserey) 16/07/02