Le Monde revient sur la question de la gestation pour autrui, pratique interdite en France. En juin, un groupe de travail mis en place par le Sénat devrait proposer une légalisation des mères porteuses en France. Cette légalisation est soutenue par des psychanalystes comme Geneviève Delaisie de Parseval, des professeurs de médecine comme Israël Nisand ou des philosophes comme Elisabeth Badinter. Mais, elle suscite aussi beaucoup de réticences comme l’affirme Catherine Labrusse-Riou, professeur émérite de droit à l’université Paris-I : "cette réforme bouleverserait les fondements mêmes de notre système de filiation, qui est à la base de notre identité". […] "L’enjeu symbolique et institutionnel de ce débat est lourd".
Dans le quotidien La Croix, Xavier Lacroix, théologien moraliste et membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) rappelle que le CCNE a créé un groupe de travail spécifiquement sur cette question qui n’a pas encore rendu ses conclusions. Il rappelle cependant que dans "trois avis antérieurs, il était soit opposé, soit très réticent par rapport à cette pratique. On peut penser que ce n’est pas sans raison ni argumentation".
Pour lui, la pratique des mères porteuses instrumentalise le corps de la femme et le risque concerne aussi la gestation et l’accouchement car lors de cette période "a lieu une interaction d’une immense finesse entre le corps de la femme et celui de l’enfant". "On tremble donc à l’idée d’une grossesse qui serait vécue sans attachement, dans l’indifférence, dans une perspective seulement utilitaire ou, pire, mercantile." Un autre risque vient de ce qu’il appelle "la maternité dissociée", dissociation entre le don d’ovules, éventuellement la gestation puis la reconnaissance de l’enfant.
Le Monde (Anne Chemin) 26/05/08 – La Croix (Louis de Courcy) 26/05/08