Forum européen de bioéthique : “Vieillir ? Oui, mais beau, en forme, jusqu’à la mort”

Publié le 25 Jan, 2016

En fin de journée lundi 25 janvier, la table ronde proposée salle de l’Aubette dans le acdre du 6e Forum européen de bioéthique, se penchait sur la question de la vieillesse : « Vieillir ? Oui, mais beau, en forme, jusqu’à la mort ».

 

Autour de ce thème, Monique Atlan, journaliste, Catherine Bruant-Rodier, chirurgien,  Didier Cœurnelle, vice-président de l’AFT-Technoprog à Bruxelles, David Le Breton, professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg, Bernard Geny, professeur des Universités chef du service de physiologie et d’explorations fonctionnelles, président du comité d’éthique des hôpitaux universitaires de Strasbourg, et Francine Friedrich, Docteur en philosophie, vont tenter d’approcher la question si prégnante de la vieillesse.

 

Côté santé, Catherine Bruant-Rodier explique que les personnes âgées ont souvent l’impression d’être « plus jeunes à l’intérieur qu’à l’extérieur » et Monique Atlan ajoute qu’il existe « une distorsion entre cette partie intérieure qui conserve toutes les richesses accumulées par toute une vie et l’apparence qui s’impose au regard extérieur ». Pour Bernard Geny, le phénomène du vieillissement s’explique par le fait que « nos réserves de fonctionnement diminuent avec le temps, mais pas assez pour nous empêcher de vivre, de marcher… » Et Francine Freidrich se demande : « Qu’est-ce qu’être vivant jusqu’à la mort ? Être dans la découverte ».

 

La question s’oriente doucement vers la longévité et le passage vers une humanité augmenté qui pourrait ouvrir vers l’immortalité. A ce sujet, Monique Atlan remarque qu’il existe dans ce domaine « un vrai fossé entre la fiction et le réel : aujourd’hui on ne connaît que 5% des capacités du cerveau… » Et elle met en garde : « Ce n’est pas aux techniciens et aux chercheurs de décider des choix de société : nous avons à les garder dans nos mains ». A son tour, David Le Breton interroge : « L’immortalité ? A quoi nous servira-t-elle ? » Plus tard, au cours des débats avec la salle, Monique Atlan ajoutera : « Le mythe de l’immortalité est ancien. Ce qui ne va pas, c’est de le prendre pour le réel ». De nouveau, David le Breton pose la question : « Rester la même personne dans un millier d’années avec le même goût de vivre, est-ce possible ? »

 

Francine Freidrich évoque le problème de la représentation de la vieillesse qui n’a pas évoluée : « Les gens vieillissent de mieux en mieux et de plus en plus longtemps, ils restent de moins en moins longtemps dans l’entreprise ». Elle note le « décalage entre ce qu’ils pensent pouvoir apporter et ce qu’on leur demande ». Monique Atlan souligne quant à elle un autre décalage, celui qui sépare « l’espoir égoïste de rester jeune, beau, en forme le plus longtemps possible, d’un espoir collectif » de société qui fait naufrage et qui impose de « réévaluer la façon dont sont envisagés les projets égoïstes en projets collectifs ».

 

Au cours du débat avec la salle qui suivra, David Le Breton rappellera que « dans certaines sociétés, vieillir, c’est accroître son prestige », et il déplore que nous ne soyons « plus du tout dans une société de la mémoire. Pourtant quand la parole des aînés est présente, elle a un poids ». Il ajoute que dans une société capitaliste où l’extension du marché fonctionne comme un moteur, « on est toujours dans l’efficacité et le renouvellement ». Quelle place reste-t-il pour les personnes de grand âge ?

 

Irsaël Nisand posera en fin de débat la question de la croyance : « J’ai très peur de la mort  et si c’est la lumière qui s’éteint, je veux vivre le plus longtemps possible ». Dans sa réponse, David le Breton explique l’importance des croyances dans ce domaine, soulignant que sans elles, on risque d’avoir « l’impression de mourir par accident ». Pour autant, il ajoute : « N’ayons pas peur de la mort. Je ne suis pas sûr qu’il faille vivre 150 ans pour être heureux. On peut ne vivre que 20 ans et être heureux. C’est davantage une question de sens de la vie et de qualité de la vie ».

 

Cette intervention aura le grand mérite d’avoir posé des questions de fond quant à la vieillesse. Y répondre permettrait d’envisager d’autres solutions que celles, ultimes, du suicide assisté ou de l’euthanasie, qui apparaissent davantage, au regard de ce débat, comme la grande démission d’une société vis à vie de ses anciens.

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