Fin de vie: le rapport Sicard présenté aujourd’hui au président de la République

Publié le 17 Déc, 2012

 Le professeur Didier Sicard a remis son rapport sur la fin de vie au président de la République, ce mardi 18 décembre. Dans son édito, Dominique Quinio, directrice de la rédaction du quotidien La Croix, revient sur ce rapport et précise qu’ "il serait réducteur de [n’en] retenir […] que la piste entrouverte du ‘suicide assisté’ ". Car poursuit-elle, "dans sa mission d’évaluation des conditions de la fin de vie en France, la commission Sicard a mis en lumière bien d’autres thèmes, essentiels dans un débat souvent passionnel et porté par quelques affaires très médiatisées". 

En premier lieu, le rapport pointe du doigt "l’attitude des médecins vis-à-vis de la fin de vie" et évoque à ce titre "une culture du tout curatif, qui empêche de lâcher prise", mais aussi "une mauvaise prise en charge de la douleur malgré des traitements performants ", ainsi qu’ "une surdité face à la détresse psychique et aux souhaits des patients". Pour remédier à cela, la commission émet diverses recommandations, à savoir: "améliorer la formation médicale pour favoriser ‘l"intégration d’une compétence en soins palliatifs dans toute pratique clinique’; car précise le rapport, il n’est pas question d’enfermer la médecine palliative dans les seules unités de soins palliatifs". En outre, elle préconise "de créer, dans chaque université, une filière spécifiquement dédiée, de rendre obligatoire un stage en soins palliatifs durant l’internat pour certains étudiants, de développer la formation autour des opiacés et des sédatifs et de prévoir un enseignement sur ‘l’obstination déraisonnable’ ". 

En second lieu, le rapport exige une meilleure information des médecins et des patients, concernant la loi Léonetti de 2002 sur la fin de vie. En effet, selon un sondage demandé par la mission de réflexion à la Sofres, "48% des Français pensent qu’il est faux d’affirmer que la loi autorise l’arrêt des traitements vitaux et 47% qu’elle interdit l’acharnement thérapeutique". Ainsi, pour la mission de réflexion, pour remédier au manque de visibilité de la loi et à son manque d’application, il faut "un effort massif de formation" ainsi que "des campagnes d’information régulières".
Un autre point développé dans le rapport est la création d’un "fichier national informatisé qui centraliserait les directives anticipées, c’est à dire la possibilité pour chacun  de dire ce qu’il souhaite pour la fin de sa vie". Car aujourd’hui, "seuls quelques rares patients le précisent sur une simple feuille". 

Enfin, à propos de l’euthanasie, "la mission est beaucoup plus critique" vis-à-vis de cet " ‘acte médical qui, par sa radicalité (…) interrompt soudainement et prématurément la vie’  et ne peut être confondue avec ‘une assistance au suicide, où l’acte létal est accompli par la personne malade elle-même’ ". Cependant, tout en "ne recommand[ant] pas  de prendre de nouvelles dispositions législative en urgence sur les situations de fin de vie", la mission de réflexion "ne s’interdit pas quelques réflexions sur l’aide active à mourir". Ainsi, la commission précise que " si l’assistance au suicide ne saurait être ‘une solution proposée comme une alternative’ à l’absence de soins palliatifs et d’accompagnement, elle peut répondre à la volonté de certaines personnes, au stade terminal d’une maladie incurable, de ‘disposer d’un recours ultime’ – quitte à ce qu’elles n’utilisent pas les médicaments ainsi prescrits". 

Selon le communiqué de presse de l’Elysée, le président de la République "a décidé de saisir comme la loi le prévoit le Comité consultatif national d’Ethique, afin que celui-ci puisse se prononcer sur les trois pistes d’évolution de la législation ouvertes par le rapport", et "sur la base de ces avis, un projet de loi sera présenté au Parlement en juin prochain". 

 La Croix (Dominique Quinio – Marine Lamoureux) 18/12/12 – Atlantico.fr 18/12/12 – Europe1.fr 17/12/12 – elysee.fr 18/12/12 – Lefigaro.fr (Martine Perez) 17/12/12 – L’express.fr (Caroline Politi) 18/12/12 – Slate.fr (Jean-Yves Nau) 18/12/12

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