Le Vatican « a informé l’organisation des Frères de la Charité, qui gère notamment les 15 hôpitaux psychiatriques fondés par la congrégation religieuse du même nom, qu’elle ne peut plus se prévaloir du qualificatif de ″catholique″ ». La cause : en 2017, le conseil d’administration des 15 hôpitaux, « composé de douze laïcs – parmi lesquels l’ancien premier ministre belge Herman Van Rompuy – et seulement trois frères consacrés de la congrégation », « avait approuvé un nouveau règlement permettant aux médecins d’y pratiquer l’euthanasie, considéré comme un “acte médical” ».
Cette décision « validée » par le Pape a été signifiée à l’organisation par un courrier du cardinal Luis Ladaria, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, « daté du 30 mars ». Elle met un point final au dialogue « engagé il y a trois ans » (cf. En Belgique, les Frères de la Charité pro-euthanasie démis de leurs fonctions ; Euthanasie : les supérieurs des communautés catholiques belges se défendent ; Euthanasie : Le Vatican offre une “chance ultime” à l’Organisation des Frères de la Charité de Belgique ).
L’argument du conseil d’administration reposait sur « la volonté de conformer à la législation belge après qu’une maison de retraite catholique flamande a été contrainte de payer une amende pour avoir refusé l’euthanasie à une patiente de 74 ans atteinte d’un cancer du poumon ». Une position que déplore le frère René Stockman, supérieur général des Frères de la Charité, et jugée inacceptable par la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui rappelle que « l’Église catholique ″affirme la valeur sacrée de la vie humaine″, ″l’importance de soigner et d’accompagner les malades et les handicapés″ et ″l’inacceptabilité morale de l’euthanasie″ ainsi que ″l’impossibilité d’introduire cette pratique dans les hôpitaux catholiques, même dans des cas extrêmes, et de collaborer à cet égard avec les institutions civiles″ ».
La congrégation « devra probablement rompre les liens institutionnels qui l’unissaient encore à l’organisation qui pourrait elle-même avoir à changer de nom ». Et « nous allons sans doute demander aux quelques religieux qui participaient encore à sa gestion de la quitter », a déclaré le frère Stockman.
Comptant « 12 000 employés qui soignent ou éduquent 30 000 personnes en Belgique », l’organisation des Frères de la Charité est « un acteur très important des soins psychiatriques en Belgique, notamment en Flandre où elle gérerait 60 % des 3500 lits de psychiatrie ». « Ces hôpitaux sont l’origine de la congrégation, explique le religieux. Nous avons été les premiers à soigner les malades psychiatriques en Belgique en 1815. » « C’est à nous d’aider les malades en psychiatrie, certainement pas de recourir à l’euthanasie », a-t-il affirmé.
En 2002, la Belgique a dépénalisé l’euthanasie pour les personnes majeures, puis l’a étendue aux mineurs « sans limite d’âge » en 2014.
Pour aller plus loin :
« Entourer les personnes souffrant de solitude est une option plus humaine que l’injection létale »
La Croix, Nicolas Senèze, En Belgique, les œuvres des Frères de la Charité ne seront plus « catholiques » (06/05/2020) – AFP (07/05/2020) – Aleteia, I.Media (08/05/2020)