Une étude internationale révèle que le Canada est le pays pour lequel on recense le plus grand nombre de prélèvements d’organes après une euthanasie. Quatre pays ont été analysés en 2021 et les résultats ont été publiés en décembre dernier dans la revue American journal of transplantation [1].
Les données recueillies indiquent qu’au Canada, en Belgique, aux Pays-Bas et en Espagne, 286 personnes au total ont fourni leurs organes après avoir été euthanasiées. 837 patients ont été greffés jusqu’en 2021. Le Canada compte 136 de ces 286 donneurs. Dans ce pays, 6% des transplantations réalisées à partir de donneurs décédés font suite à une euthanasie.
Un risque de pression ?
Cette situation inquiète Trudo Lemmens, professeur en droit et politique de la santé à l’Université de Toronto. Selon un rapport de Santé Canada, 35% des Canadiens décédés après une « aide médicale à mourir » en 2021 avaient le sentiment d’être « un fardeau pour leur famille, leurs amis ou les soignants », rappelle-t-il. Les personnes qui manquent d’estime ou doutent de leur valeur ne risquent-elles pas d’« être poussées à voir cela comme une occasion de signifier quelque chose » ?, alerte-t-il.
Au Canada, 65% des patients qui demandent l’euthanasie souffrent d’un cancer. Un taux inférieur aux autres pays considérés dans l’étude. Les organes de ces patients ne peuvent pas être transplantés en raison du risque pour le receveur.
Un nouveau protocole
Jusqu’à récemment, seules les personnes euthanasiées à l’hôpital pouvaient faire don de leurs organes. Mais huit cas de patients euthanasiés à domicile et ayant fait don de leurs organes ont été documentés par l’étude. Cinq concernent le Canada.
Après qu’on lui a administré la substance létale, le patient est transporté en ambulance vers un hôpital voisin pour subir le prélèvement.
Selon les données de Santé Canada, 44,2% des euthanasies ont lieu à domicile. Le Canada est en train de mettre à jour son protocole, soumis pour publication au Journal de l’Association médicale canadienne. Le Dr Sam Shemie, médecin dans une unité de soins intensifs à Montréal, précise qu’il sera partagé avec d’autres pays qui envisagent d’« étendre » l’« aide à mourir » et la transplantation d’organes.
[1] Practice and challenges for organ donation after medical assistance in dying: A scoping review including the results of the first international roundtable in 2021, Johannes Mulder et al., American journal of transplantation, Volume22, Issue12, December 2022, Pages 2759-2780, https://doi.org/10.1111/ajt.17198
Source : CTV, Avis Favaro (17/01/2023)