Le Docteur Frédéric Chiche, gynécologue et chef du pôle santé enfant à l’hôpital américain de Paris, est invité par le Parti populaire européen (PPE) à donner aujourd’hui une conférence au Parlement européen sur le thème de la grossesse. Il a récemment pris la parole sur la GPA à l’Assemblée nationale (Cf. Synthèse Gènéthique du 16 octobre 2014) et à Sciences Po Paris l’automne dernier.
Les médecins dans le débat sur la GPA
En tant que gynécologue, il ne cesse de clamer l’“expérience radicale” que constitue une grossesse et d’expliquer les liens “indélébiles” qui se forment entre la mère et l’enfant. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire La Vie, le Dr Chiche témoigne de l’impérieuse nécessité de ne pas réduire le débat sur la GPA à une “question de morale abstraite” mais de bien comprendre toutes les implications concrètes aux niveaux biologique, psychique et émotionnel. Les médecins, qui ont une expérience de la grossesse pour accompagner des femmes “jour, nuit et weekend”, pendant 25 ans en ce qui concerne le Dr Chiche, doivent être invités au débat sur la GPA. “Nous médecins, ne pouvons pas nous laisser réduire à être de simples prestataires de service non pensants ! D’autant plus que ce sont nous qui serions supposés mettre en œuvre et suivre ces gestations pour autrui.”
La grossesse, une expérience radicale
La grossesse est tout sauf un évènement abstrait ou une “parenthèse”. Les interactions entre le fœtus et la mère sont tels que “la femme portera à vie la trace de cet enfant […] cela aura des implications sur son système immunitaire, souvent positives, mais aussi potentiellement négatives – avec révélation de maladies auto-immunes”.
“Le fœtus n’est donc pas simplement porté, ou transporté par une femme“. En tant qu’“être à la sensorialité très développée”, il entretient une relation d’une “grande intensité” avec la mère.
En dehors des aspects biologiques, il ne faut pas mettre de côté les implications psychiques d’une grossesse. Le Dr Chiche s’appuie sur les cas de déni de grossesse pour expliquer l’importance de cet investissement psychique. “Je ne vois pas comment je pourrais expliquer à certaines de mes patients que la grossesse va les rendre mères, et à d’autres qu’elles n’en seront en rien affectées.”
La GPA, un marché
Les “artifices sémantiques” autour de la GPA occultent la réalité derrière la GPA, c’est-à-dire qu’une grossesse et un accouchement sont suivis d’un abandon. Le Dr Chiche rappelle aux esprits angéliques que la GPA est un marché, dont “l’utérus est la pièce manquante d’une chaîne industrielle”. Pour lui, ce n’est pas un hasard que les GPA et les recherches sur le transhumanisme se déroulent au même endroit, en Californie. “Alors, si on fait sauter le verrou que constitue le lien entre la grossesse, le corps d’une femme et la maternité, ce sera la voie vers le plein capitalisme : délocalisation et optimisation du produit.”
La Vie (Joséphine Bataille) 10/02/2015