Des ovocytes humains cultivés in vitro

Publié le 8 Fév, 2018

Des scientifiques britanniques et américains sont parvenus à cultiver des ovules humains in vitro d’un stade très précoce « jusqu’à leur pleine maturité ». Une « première » qui servirait dans le cadre de la préservation de la fertilité de filles atteintes de cancer[1]. Toutefois l’étude parue dans la revue Molecular Human Reproduction est relativisée par un certain nombre de commentateurs : des résultats « intéressants » mais « il reste beaucoup de travail », estime le professeur Azim Surani de l’université de Cambridge, qui note également que « ces ovocytes sont plus petits que la moyenne ». Robin Lovell-Badge considère pour sa part que la technique « est encore vraiment très inefficace » : « neuf cellules [sont] parvenues au stade d’ovules matures sur un nombre élevé et non précisé ». « Il faudra plusieurs années pour traduire cela en thérapie », commente pour sa part le docteur Channa Jayasena du Collège impérial de Londres.

Par le passé, d’autres équipes avaient mené des études chez la souris, réussissant à produire une progéniture vivante à partir d’ovocytes murins cultivés in vitro, ou encore chez l’homme mais sans parvenir à ce stade de maturité. Le professeur Evelyn Telfer de l’université d’Edimbourg qui a dirigé la dernière étude, explique avoir travaillé sur la composition du milieu de culture. Les différentes étapes de maturation « ont été accomplies in vitro en trois semaines quand, physiologiquement, le processus se déroule en huit à onze mois chez la femme ». La chercheuse plaide à présent pour vérifier si les ovocytes muris in vitro « peuvent être fécondés » [ce qui implique la création d’embryons pour la recherche]. Les études chez la souris avaient pour leur part mené à la naissance de descendants « souffrant fréquemment d’anomalies ». « Cela ne marche pas très bien, sans doute parce qu’in vitro, sur un délai court, on doit forcément shunter certaines étapes. Nous n’en sommes donc qu’au tout début », commente le professeur Grynberg, chef du service de médecine de la reproduction à l’hôpital Antoine Béclère.

 

[1] Pour des filles ou femmes devant subir une chimiothérapie, il est possible de prélever au préalable le tissu ovarien afin que le traitement ne l’endommage pas. Toutefois, lorsqu’il est réimplanté après la chimiothérapie, il existe un risque de réintroduire des cellules cancéreuses. L’approche développée ici proposerait à ces femmes de cultiver in vitro les ovocytes contenus dans le tissu ovarien prélevé, en vue d’une fécondation in vitro.

Source : AFP (9/02/2018) – Photo: Pixabay/DR

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