Le procès de Véronique Courgeault, inculpée pour le meurtre de trois de ses enfants nouveaux- nés, est l’occasion d’une réflexion sur le déni de grossesse. Au-delà du caractère pathologique, c’est la manière de considérer le nourrisson qui est mise en cause.
Chaque année, plus de 320 femmes découvrent qu’elles sont enceintes en accouchant. Chez toutes ces femmes, pas de prise de poids, pas d’arrêt des règles (en raison de la prise de la pilule), rien qui puisse signaler leur grossesse. Chez toutes, l’enfant se développe normalement mais se positionne de façon à ne pas être vu.
Ce qui conduit le Pr Israël Nisand à conclure : "S’il n’y a pas de grossesse psychique, il n’y a pas d’enfant, mais de la chair humaine. Il ne suffit pas d’être enceinte pour avoir un enfant." Un comportement qui peut aller jusqu’à l’infanticide : "L’enfant décède de ne pas avoir été attendu ", constate Sophie Marinopoulos, psychologue et psychanalyste longtemps attachée à la maternité du CHU de Nantes.
Et la journaliste de conclure sur le caractère généralisé et intemporel de l’infanticide, notant qu’ il est difficile de comparer l’acte d’infanticide dans des contextes culturels différents car "la notion de personne est une notion très relative…"
Libération (Charlotte Rotmann) 10/06/09