« De l’offre de soins ultrasophistiqués à la tentation de l’eugénisme, il n’y a qu’un pas »

Publié le 31 Mar, 2017

Crispr-Cas 9 suscite des inquiétudes au sein de la communauté scientifique. Même si de très nombreuses équipes travaillent à l’amélioration de cet outil, « il est loin d’être arrivé à maturité », et des modifications non voulues peuvent subvenir « sans qu’on en ait la maîtrise ».

 

A l’occasion d’un colloque intitulé « Personne humaine et génome » qui se tenait le 4 mars dernier à Paris, Alexandra HENRION-CAUDE, Catherine BOURGAIN et Alain PRIVAT[1] lancent « un SOS à nos consciences ».

 

Pour les auteurs de la tribune, « appliquer l’outil Crispr-Cas 9 à des embryons humains issus de parents porteurs de mutation [revient] à éliminer leurs embryons sains et, paradoxalement, à ne conserver que ceux porteurs de la mutation sur laquelle la technique serait mise au point ». Ils ajoutent : « A souhaiter des enfants parfaits, exempts de mutations génétiques choisies, nous jouons en fait le jeu des promoteurs de l’eugénisme ».

 

Les trois scientifiques s’interrogent, « si nous pouvons ‘réparer’ les imperfections génétiques, allons-nous privilégier le recours aux modes de procréation médicalement assistée jusqu’à en faire une routine ? » « C’est l’intimité même de notre humanité qui est menacée puisqu’il s’agit du génome du genre humain (…) Il est de notre responsabilité commune d’éviter que le désir de connaître la nature du vivant et d’en dévoiler ses secrets ne se transforme en volonté de créer des variétés humaines sélectionnées. Certains voient dans ces hommes génétiquement modifier une évolution vers l’homme du futur. Nous y voyons la mise en place d’un programme d’anéantissement de l’homme dans son altérité, notamment par déni de notre complexité et de notre histoire génétique ».

 

[1] Respectivement généticienne, directrice de recherche à l’Inserm ; généticienne, chargée de recherche à l’Inserm ; neurobiologiste, membre correspondant de l’Académie de médecine.

Le Figaro (31/03/2017)

Partager cet article

Synthèses de presse

Fin de vie : l'Ecosse en marche vers la légalisation de « l’aide à mourir » ?
/ Fin de vie

Fin de vie : l’Ecosse en marche vers la légalisation de « l’aide à mourir » ?

Le 28 mars, un projet de loi visant à légaliser l'« aide à mourir » a été présenté au Parlement ...
30_fiv
/ PMA-GPA

Embryons congelés : détruire pour ne pas payer

Alors qu’aux Etats-Unis, le coût de la conservation des embryons congelés ne cesse d’augmenter, certains choisissent de les détruire plutôt ...
Bien vieillir : la proposition de loi adoptée par le Sénat
/ Fin de vie

Bien vieillir : la proposition de loi adoptée par le Sénat

La proposition de loi visant à « bâtir la société du bien-vieillir et de l'autonomie » a été définitivement approuvée ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres