Au Canada, deux sondages viennent de paraître en matière de fin de vie. L’un porte sur les soins palliatifs, l’autre sur l’euthanasie. Les confronter est révélateur.
Une méconnaissance des soins palliatifs…
Le premier, réalisé par l’Institut Ipsos[1], dévoile que les Québécois ne connaissent pas bien ce que sont les soins palliatifs. Tout en étant 73% à affirmer savoir ce qu’ils sont[2].
Certes 74% des personnes interrogées associent soins palliatifs et soulagement de la douleur. Mais elles sont une large majorité, 68%, à penser qu’ils ne s’adressent qu’aux personnes qui vont mourir « dans quelques semaines ». Et 11% des Québécois interrogés pensent savoir que les soins palliatifs « accélèrent la mort ». Par ailleurs, seulement 40% des répondants savent que les soins palliatifs peuvent être reçus à domicile et 28% dans les maisons des retraites.
L’Alliance des maisons de soins palliatifs du Québec, commanditaire du sondage, rappelle que l’accès aux soins palliatifs est un droit. Et que « les soins palliatifs, lorsqu’ils s’inscrivent tôt dans la trajectoire de la maladie, procurent à la personne malade des bénéfices qui s’étendent bien au-delà du soulagement de la douleur ». En effet, au-delà des soins physiques, ils sont aussi psychologiques, sociaux et spirituels.
… et une vision très favorable à l’euthanasie
De son côté, l’Institut Research Co. a publié les résultats d’un sondage[3] sur l’« aide médicale à mourir » (AMM). Une pratique approuvée par plus de 7 Canadiens sur 10 dans « le cadre des lignes directrices fédérales actuelles ».
Mais ils sont nombreux à ne pas être opposés à les voir évoluer. Ainsi, ils sont 20% à penser que l’AMM devrait être autorisée sans condition. La moitié des sondés est favorable à l’euthanasie des personnes handicapées, 28% à celle des sans-abris ou des personnes pauvres. Des taux qui passent même respectivement à 60% et 41% chez les 18-34 ans.
Le sondage Ipsos indiquait que, pour 49% des Québécois sondés, la gamme des soins palliatifs inclut l’« aide médicale à mourir » quand 28% d’entre eux croient « normal » de souffrir en fin de vie. Des résultats qui expliqueraient les précédents ? Prendre soin de l’autre pourrait-il conduire à supprimer sa vie ? (cf. Fin de vie : « ne dévoyons pas les soins palliatifs ») Ne serait-il pas grand temps de lever les confusions ?
[1] Réalisé auprès de 1000 personnes âgées de 30 ans et plus pour le compte de l’Alliance des maisons de soins palliatifs du Québec. L’organisation représente 329 lits dédiés en soins palliatifs, soit environ 30 % de l’offre au Québec.
[2] Auxquels s’ajoutent 16% de personnes affirmant savoir « plus ou moins » ce que sont les soins palliatifs
[3] Sondage en ligne réalisé du 22 au 24 avril 2023 auprès d’un « échantillon représentatif » de 1 000 adultes au Canada.
