L‘équipe française de Minoo Rassoulzadegan (équipe de l’Inserm et de l’université de Sophia-Antipolis) publie dans la revue scientifique Nature un article qui révolutionne les lois de l’hérédité et le principe selon lequel "l’ADN est la molécule de l’hérédité".
Les chercheurs ont travaillé sur des souris, en particulier sur le pelage de leur queue. Ils ont observé que certaines présentaient des tâches blanches sur leur queue alors que, selon les lois classiques de l’hérédité, elles n’auraient pas dû exister. Ils ont ainsi démontré qu’un caractère biologique pouvait s’exprimer d’une génération à une autre sans même que l’individu ait hérité du gène responsable de ce caractère. Ce phénomène de "paramutation" avait déjà été observé chez des plantes sans avoir été élucidé.
Les chercheurs ont étudié la formation et le contenu des spermatozoïdes de souris pour constater la présence d’une quantité anormalement élevée de fragments d’ARN. L’ARN sert habituellement de molécule intermédiaire entre l’ADN et les protéines. Ces molécules d’ARN correspondraient à l’ADN muté et seraient produites "à l’image" du gène qui contrôle leur production. Mais par quels mécanismes cet ARN "muté" entraînerait-il l’ADN normal à produire un caractère anormal ?
"Nous avons encore de nombreuses hypothèses à tester" explique Minoo Rassoulzadegan mais cela confirme les travaux selon lesquels l’ARN joue un rôle primordial dans la régulation des gènes. Paul Soloway, de la Cornell University à New-York, évoque dans Nature la possibilité que de "tels ARN régulent aussi d’autres modes non génétiques de l’hérédité".
Libération (Corinne Bensimon) 26/05/06 – La Croix (Denis Sergent) 26/05/06