Le gynécologue Sévérino Antinori, professeur à l’université de Tor Vergata (Italie) et directeur d’une clinique de procréation assistée à Rome, annonçait en janvier 2001 avec l’américain Panos Zavos qu’un bébé clone naîtrait “d’ici dix-huit mois à deux ans” (cf. revue de presse du 31/01/01). Le 24 avril 2002, il annonçait que 3 grossesses étaient en cours, 2 en Russie et une dans un autre pays (cf. revue de presse du 08/04/02). En mai, il précisait au journal Le Monde que ces 3 grossesses s’achèveraient “en décembre 2002 ou janvier 2003” (cf. revue de presse du 27/05/02).
Enfin, il y a 11 jours, alors qu’il accordait une interview au quotidien Libération, lors du 18è congrès de l’Eshre auquel il assistait à Vienne (Autriche), Sévérino Antinori déclarait “parmi mes patients, 50 couples qui souffrent d’une infertilité masculine totale se sont portés volontaires pour entrer dans un programme de clonage. J’ai fait 18 transferts d’embryons crées par clonage et j’ai obtenu une grossesse. Elle est dans sa quinzième semaine. Le foetus a une bonne morphologie“.
Pour cette première grossesse, le Pr. Antinori ne précise pas le nombre d’ovules nécessaires pour obtenir un embryon viable mais déclare “qu’il a travaillé normalement, avec des ovules qui proviennent de la mère“.
Pour le gynécologue Antinori, “le clonage reproductif est une thérapeutique” pour les hommes azoospermiques (absence totale de spermatozoïdes dans le sperme émis). Il précise lui – même qu’il préfère utiliser le terme de “transfert de noyau somatique” ou de “programme génétique” que celui de “clonage”.
Le bébé, prévu en décembre, ne sera pas montré au public dès sa naissance. “On attendra qu’il y ait une vingtaine d’enfants nés de clonage pour faire une publication scientifique“.
Quant aux questions qui se posent sur la santé et l’état du nourrisson cloné, Antinori est “convaincu qu’il y a moins de risques chez l’homme que chez l’animal“. Ce n’est pourtant pas l’avis d’autres spécialistes de la procréation assistée. Jan Tesarik, qui travaille sur la possibilité de donner un enfant aux femmes qui n’ovulent plus, explique “je n’ai rien contre le clonage humain (…). Le vrai problème, c’est le risque de malformations. Mais la science va progresser avec l’expérience du clonage thérapeutique“.
Une soixante de ces médecins et biologistes spécialistes de la procréation assistée ont participé au 4ème congrès d’A-Part, jeune association internationale de cliniques et laboratoires privés spécialisés dans la reproduction assistée, dont Sévérino Antinori avait été évincé pour “avoir trop joué les vedettes du clonage“. Celui-ci a monté sa propre association Warm (World association for reproductive medecine).
Libération (Corinne Bensimon) 12/07/02