Une réponse à l’euthanasie ?

Publié le 31 Mar, 2000

Quels traitements ?

 

Les personnes qui revendiquent l’euthanasie pour elles-mêmes ou (plus souvent) pour les autres et celles qui s’opposent à l’euthanasie se reconnaissent toutes dans le rejet de « l’acharnement thérapeutique ». La ténacité est légitime : sans elle, pas de chirurgie moderne, pas de cancérologie efficace … 

 

Mais l’escalade thérapeutique que nous craignons tous pour nous-mêmes ou pour nos proches, c’est cette médecine très efficace mais trop technique, trop agressive, inhumaine, qui ne prend pas le temps de s’interroger sur le sens et l’utilité de ses actes. 

 

La proportionnalité des soins

Il arrive pourtant inévitablement un moment où la science médicale ne peut plus guérir. Il n’est alors en aucun cas question d’abandon mais au contraire de combattre pour calmer les symptômes, pour donner au malade et à ses proches vérité et écoute, pour accompagner et soulager. 

Cette attitude du médecin, faite de compétence et d’humilité, implique le respect du principe de proportionnalité des soins : ce traitement, ce soin, cette proposition médicale faite au patient, sommes-nous convaincus, patient et médecin, qu’elle apportera au  malade plus d’avantages que d’inconvénients ? Si non, nous aurions non seulement le droit, mais sans doute même le devoir de nous abstenir. 

 

C’est souvent pour ne pas avoir respecté ce principe de proportionnalité des soins que malade et médecin se trouvent dans des impasses qui vont conduire l’un ou l’autre vers la demande d’euthanasie. 

 

Le CCNE vient de rendre un avis dans lequel il rappelle la dignité du malade, le devoir d’accompagner les mourants, la nécessité des soins palliatifs et le refus de l’acharnement thérapeutique. Le CCNE rappelle son opposition à l’euthanasie réalisée sans la demande ou le consentement du malade ou de sa famille. 

 

Un appel au secours

 

Mais le CCNE évoque la possibilité « d’exceptions d’euthanasie ». Pourtant, il n’y a pas d’exception justifiant l’euthanasie. Il n’est pas possible de justifier le meurtre, même sous le prétexte que la victime l’aurait demandé. Le CCNE prétend qu’il existe des demandes d’euthanasie qui ne correspondent pas à des appels au secours. Ce n’est pourtant pas ce que l’on constate ni ce que nous relatent tous ceux qui font des soins palliatifs. Par la demande d’euthanasie, qui reste très exceptionnelle et labile, le malade lance à son médecin le dernier cri qu’il peut lui adresser pour traduire son désespoir, pour exprimer qu’il ne se sent plus reconnu comme une personne. Si nous allons vers une dépénalisation de « l’exception d’euthanasie », nous ne saurons plus demain entendre en profondeur et en vérité le cri de souffrance de celui qui ne voit plus que l’euthanasie comme réponse à sa peur et à sa révolte. Nous ne saurons alors ni l’aider, ni l’accompagner mais seulement étouffer son appel.                

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