Suite à l’inscription d’un enseignement inspiré des gender studies dans les programmes de Sciences et vie de la terre (SVT) de la classe de première, le conseil pontifical pour la famille a publié en France un ouvrage intitulé Gender, la controverse.
La théorie du genre distingue l’identité sexuelle biologique et le "genre", masculin ou féminin, compris comme une construction sociale et culturelle. Réfléchissant sur la théorie du genre depuis les années 1990, L’Eglise catholique y repère une approche dangereuse en ce qu’elle remet en question la différence sexuelle intrinsèque à l’humanité et induit un changement de paradigme entraînant notamment la déconstruction de la famille et de la filiation. Tony Anatrella, psychanalyste, spécialiste des questions de famille et de santé, repère dans cette théorie une "idéologie totalitaire" relevant d’un "agencement conceptuel qui n’a rien à voir avec la science".
Devant la polémique créée autour des nouveaux manuels de SVT, Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes spécialiste des questions de bioéthique, a lancé, en lien avec l’enseignement catholique, un groupe de travail sur le sujet, composé de scientifiques, enseignants, théologiens (Cf. Synthèse de presse du 05/09/11). Il s’agit d’aborder les questions d’éducation affective, relationnelle et sexuelle des jeunes et d’élaborer des outils pédagogiques d’aide aux enseignants. "Nous avons constaté que nombre d’enseignants étaient démunis face à ces questions (…). Il s’agit de faire en sorte que cette partie du programme soit respectueuse de la dignité des personnes, en l’occurrence des jeunes en construction, c’est-à-dire vulnérables", explique Mgr. d’Ornellas. Plutôt que de réduire les questions de sexualité à la dimension purement biologique, celles-ci gagneraient à être abordées "d’une manière plus sérieuse et complète, transversale, notamment en philosophie, en histoire, en littérature ou en art", explique Jean Matos, chargé d’animer ce groupe de travail.
Dans Valeurs actuelles, Denis Tillinac évoque l’entrée de la théorie du gender au lycée dans laquelle il voit une contestation de l’altérité sexuelle, réalité dont toutes les sociétés humaines ont pourtant pris acte. "La dépréciation de cette évidence, écrit-il, vise à diaboliser la notion même d’altérité, comme si l’indifférenciation était en soi un "progrès". Comme si le village planétaire devait être peuplé à terme d’androgynes. Comme si la dialectique infiniment subtile des liens entre un homme et une femme, entre un enfant et son père ou sa mère devait se réduire aux acquêts sommaires d’une confrontation banalisée entre individus interchangeables".
Fin août 2011, 80 députés ont demandé au ministre de l’Education Luc Chatel le retrait des manuels de SVT en question. Le 7 septembre 2011, le député Jean-Marc Nesme a écrit à la mission interministérielle de lutte et de vigilance contre les dérives sectaires pour dénoncer la promotion de la théorie du gender dans les manuels scolaires. Celle-ci, a-t-il indiqué, s’apparente à une "dérive sectaire" et à "une instrumentalisation dont les dérives peuvent être très graves pour la société, le lien et la cohésion sociales notamment pour les jeunes et les adolescents".
Le Monde (Stéphanie Le Bars) 12/09/11 – Valeurs actuelles (Denis Tillinac) 08/09/11 – Le Figaro.fr 07/09/11