[ZOOM] Trisomie et stigmatisation : deux affaires révélatrices

Publié le 4 Août, 2014
Coup sur coup, deux actualités frappent par ce qu’elles révèlent de la stigmatisation dont sont victimes les personnes atteintes de trisomie 21. Doublement concerné, le président de la Fondation Jérôme Lejeune réagit dans la presse.

 

C’est d’abord l’avis du CSA de mettre en garde les chaînes ayant diffusé la vidéo « Chère Future Maman » qui a suscité une forte incompréhension et une mobilisation inédite. Une décision qui a choqué de nombreux parents qui ont souhaité réagir (Cf. Synthèse de presse Gènéthique du 01/08/2014). Pour Jean-Marie Le Méné « dans l’affaire qui l’a conduit à semoncer des chaines de TV pour avoir diffusé un spot de sensibilisation à la trisomie 21, le CSA considère qu’il s’agit d’un message qui n’est ni consensuel ni d’intérêt général. (…) Il a raison dans la mesure où l’élimination de masse des enfants trisomiques, fruit du dépistage programmé, budgété, systématisé et remboursé par la sécurité sociale, c’est cela qui est aujourd’hui présenté comme relevant de l’intérêt général. La trisomie, c’est l’histoire d’une maladie qui n’a jamais été mortelle mais que la technique et le marché ont rendu mortelle. Prodige de la modernité. Dès lors, un message de sensibilisation à la vie heureuse d’une personne atteinte de trisomie n’est effectivement pas consensuel.

 

Au cas où nous n’aurions pas bien compris, le CSA précise qu’il s’agit de « ne pas troubler la conscience des femmes qui, dans le respect de la loi, ont fait des choix de vie personnelle différents ». Confusion d’anthologie oublieuse des leçons du passé, où la conscience morale ne s’en réfère qu’à la loi. Euphémisme d’anthologie où le « choix de vie personnelle » consiste à supprimer un enfant et conduit collectivement à l’éradication des personnes trisomiques. »

 

Depuis, au-delà de cette affaire franco-française,  le monde entier apprenait le récit sordide de l’abandon d’un bébé trisomique issu d’une gestation pour autrui. Porté par une jeune Thaïlandaise, l’enfant et sa jumelle étaient «destinés» à un couple d’Australiens qui a refusé l’enfant trisomique partant seulement avec la fillette. Une collecte de fonds lancée sur internet au bénéfice de la mère thaïlandaise et de son fils qui a besoin de soins cardiaques a déjà rapporté plus de 140 000 euros. Le ministre australien de l’Immigration a évoqué dimanche « une histoire à briser le cœur » touchant au sens de « la responsabilité morale » de chacun.

 

Répondant cette fois au Figaro Vox,  Jean-Marie Le Méné estime que le rejet de cet enfant handicapé fait voler en éclats le mythe d’une GPA éthique. A ses yeux, « d’un coup de baguette magique, la GPA quitte les strass et les paillettes qui la présentaient en bonne fée pourvoyeuse de Bébés-Cadum pour gentils couples en mal d’enfants. Voilà que «le-couple-à-qui-nul-ne-saurait-imposer-une-souffrance» se transforme en client-roi parfaitement odieux qui bouffe ce qui lui plait et laisse le reste sur le bord de l’assiette. Voilà que le refus par la mère porteuse de l’avortement du jumeau handicapé devient un acte de résistance. Voilà que l’enfant trisomique devient une victime symbolique qui déclenche un élan international de générosité et le rend bénéficiaire – pour l’aider à vivre – d’une somme dix fois supérieure à celle promise à sa mère infortunée. (…) Nul complot n’a été ourdi pour faire dérailler ce train d’une transgression si bien partie. Mais la nature humaine (qui, rappelons-le, ne devrait plus exister) a subrepticement repris ses droits. La réalité de la GPA a montré son vrai visage, à savoir qu’il s’agit d’une vraie grossesse dans le ventre d’une vraie femme. »

Valeurs Actuelles (Jean-Marie Le Méné) 01/08/2014, Le Figaro 03/08/2014 – Ouest-France 03/08/2014 – Le Figaro Vox (Jean-Marie Le Méné) 04/08/2014

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