La famille de Vincent Lambert était convoquée au CHU de Reims à 14h jeudi afin que les médecins leur fasse part de leur décision concernant l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert. Contre toute attente, le Dr Simon ne s’est pas prononcée sur l’arrêt des soins de Vincent Lambert : elle a suspendu la procédure collégiale placée sous sa responsabilité et a indiqué que le CHU de Reims voulait saisir le procureur « pour mettre Vincent sous protection globale et déterminer un référent qui pourrait le représenter légalement ».
Cette décision a été saluée par Jean Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune : « Ce retournement est d’abord un véritable soulagement : Vincent ne sera pas mis à mort dans les jours à venir ». Il s’est également réjoui que le Dr Simon « marque une préoccupation nouvelle et spéciale pour défendre la vie de Vincent. Elle formule au procureur de la République une demande de protection globale et renforcée pour Vincent, qui est une reconnaissance que Vincent est bien vivant ».
Selon l’AFP, une « trentaine de personnes » s’était rassemblée pour soutenir les parents de Vincent Lambert, portant des T-shirts sur lesquels étaient inscrits : « Il se tait, on le tue, ne nous taisons pas ». « C’est notre frère en humanité, il y a un moment où la science doit s’effacer devant l’humain », a déclaré l’un d’eux.
Rachel Lambert, épouse de Vincent, a quant à elle exprimé son « incompréhension totale » à la sortie de l’entretien avec les médecins.
Marisol Touraine a tenu à « apporter tout son soutien à l’équipe soignante qui travaille depuis des mois dans un climat extrêmement difficile ». Elle a souhaité expliqué que « l’équipe soignante n’a pas pris cette décision parce qu’elle refuse d’arrêter le traitement de Vincent Lambert, (…) mais parce qu’elle considère que les conditions de sécurité et de sérénité nécessaires pour mettre en œuvre ce type de décision ne sont pas réunies ». L’Ordre des médecins a également « rendu hommage à l’équipe médicale du CHU de Reims qui a toujours agi et continue d’agir dans le respect de la dignité de Vincent Lambert ».
Le président de la SFAP, Charles Jousselin a ajouté que le report de la décision constituait une « preuve de conscience professionnelle » de la part de Dr Simon. « La situation de la fin de Vincent Lambert est tragique. Aujourd’hui, on n’arrive pas à apaiser la situation par la parole et l’écoute des uns et des autres. Or il faut persévérer pour n’abandonner personne » a-t-il déclaré.
Pour Jean Yves Nau, médecin et journaliste, « on peut très raisonnablement penser que des conseils (sinon des consignes) avaient, en haut lieu, été formulés pour qu’il en soit ainsi ». Il espère que le « sursis » annoncé aujourd’hui permettra de répondre à certains nombre de questions, parmi lesquelles : « Pourquoi aucune procédure de représentation légale de ce malade handicapé n’a-t-elle jamais, depuis 2008, été engagée ? Pourquoi a-t-on laissé dans cette unité hospitalière de soins palliatifs un malade dont l’équipe médicale avait depuis mai 2013 jugé qu’il ne devait plus être pris en charge de manière adaptée ? ».