Le 29 décembre 2009, le gouvernement finlandais a annoncé qu’il présenterait bientôt au Parlement un projet de loi sur le prélèvement d’organes. Ce projet vise “à autoriser le prélèvement d’organes sur toutes les personnes décédées qui ne s’y étaient pas préalablement expressément opposées“, afin de réduire la pénurie de dons d’organes. L’objectif est “d’augmenter le nombre de transplantations et de faire évoluer les mentalités en faveur du don d’organes“. Jusqu’à présent, il incombait aux membres de la famille proche du défunt de donner leur accord ou de refuser le prélèvement à défaut d’un consentement explicite préalable de ce dernier.
Le prélèvement d’organes donne lieu dans nombre de pays pauvres et émergents à un “tourisme de la transplantation” dénoncé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). La plupart des pays occidentaux, eux, ont des “dispositions très précises interdisant notamment toute forme de transactions financières et garantissant l’anonymat” et défendent le concept de “consentement libre et éclairé” fondé sur les principes définis dans le Code de Nuremberg. En France, toutefois, depuis la loi Caillavet de 1976, le prélèvement d’organes sur un mort est autorisé par consentement présumé en l’absence d’opposition explicite préalable, même si dans la pratique, les médecins ne prélèvent qu’avec l’accord de la famille.
Pour Jean-Yves Nau, “une telle situation constitue un frein majeur au développement des greffes d’organes et condamne de ce fait à une mort programmée des personnes en attente d’une greffe“. C’est pourquoi, selon lui, il faut “bel et bien se réjouir de l’initiative finlandaise“. Il s’étonne que la “puissance publique” se plie à la volonté des personnes quant à l’usage de leur corps après leur mort. Pour lui : “l’heure est venue d’expliquer les raisons démocratiques qui conduisent à devoir demander systématiquement à chacun d’entre-nous son avis, favorable ou défavorable, sur les différents usages qui peuvent être faits de son corps après sa mort“.
[NDLR : Peut-on encore parler de “don” si le prélèvement d’organes devient un dû ? ]
Slate.fr (Jean-Yves Nau) 04/01/10