Au Canada, le saumon génétiquement modifié[1] développé par la société Aquabounty est commercialisé depuis 2016. Neuf tonnes de ce poisson OGM ont d’ores et déjà été consommées, avant la commercialisation « à grande échelle » prévue fin 2020. Les Etats-Unis ont par ailleurs « levé en mars le dernier obstacle réglementaire à la commercialisation de ce même saumon », tandis qu’ « Aquabounty vise d’autres pays : des tests ont été menés à terme en Argentine, sont en cours au Brésil, et devraient débuter en Chine » (cf. Canada : la production commerciale de saumon transgénique autorisée ; Canada : commercialisation des premiers saumons transgéniques).
En Europe, les animaux génétiquement modifiés sont actuellement interdits[2], qu’ils soient « OGM classiques » ou modifiés ‘sans traces’ à l’aide de CRISPR. La justice européenne a statué sur ce point en 2018 : les organismes issus des méthodes d’édition du génome doivent être considérés comme des OGM, et donc règlementés de la même façon (cf. Cour de Justice Européenne : les nouvelles techniques de modification génétique doivent se soumettre à la réglementation des OGM).
Mais les pressions pour faciliter la commercialisation de ces organismes « édités » génétiquement sont fortes. Aux Etats-Unis, l’industrie du porc, « qui aimerait bien pouvoir élever des porcs génétiquement modifiés pour résister à certaines maladies, est en première ligne ».
Dans les pays comme le Canada, l’Argentine et le Brésil, la règlementation « est beaucoup moins stricte et évolue rapidement », au risque que les acheteurs ne soient « pas avertis de manière adéquate » s’inquiète l’association de défense des consommateurs américains. Elle préconise au contraire que les régulateurs incluent, outre la sécurité sanitaire, « les aspects environnementaux et les implications éthiques de ces nouvelles technologies dans leur approche ».
[1] L’ADN de ce saumon a été modifié pour qu’il grossisse plus vite.
[2] « Plusieurs dizaines de plantes génétiquement modifiées destinées à l’alimentation humaine ou animale sont autorisées sur le territoire européen ».
AFP (8/10/2019) – Pour les animaux d’élevage aux gènes modifiés, une réglementation balbutiante