Des chercheurs de l’université de Tianjin, en Chine, affirment être passés « à la vitesse supérieure » en termes de bio-informatique [1]. Ils indiquent en effet être parvenus à ce que des organoïdes cérébraux apprennent à diriger un robot : comprendre les commandes et effectuer des tâches telles qu’éviter des obstacles, suivre des cibles ou utiliser les bras et les mains pour saisir divers objets.
Une interface entre cerveau humain in vitro et machine
Le projet de « système d’interaction intelligente open source » appelé MetaBOC [2] vise à « relocaliser des cellules cérébrales humaines dans des corps artificiels ».
Le logiciel est conçu pour servir d’interface entre les bio-ordinateurs et d’autres appareils électroniques, « donnant à l’organoïde cérébral la capacité de percevoir le monde par l’intermédiaire de signaux électroniques, d’agir sur celui-ci par le biais des commandes auxquelles il a accès et d’apprendre à maîtriser certaines tâches ».
Une IA pour communiquer avec le « mini-cerveau »
L’équipe de Tianjin explique qu’elle utilise des organoïdes en forme de boule, comme l’équipe Brainoware de l’Indiana (cf. « Brainoware » : un « ordinateur hybride » composé d’électronique et de tissu cérébral humain), car leur structure physique tridimensionnelle leur permet de former des connexions neuronales « plus complexes », à l’instar de ce qui se passe dans notre cerveau. En outre, le système MetaBOC utilise des algorithmes d’intelligence artificielle « pour communiquer avec l’intelligence biologique des cellules cérébrales ».
L’un des inconvénients des systèmes de bio-infomatique – « outre une éthique manifestement épineuse » (cf. Recherche sur les organoïdes de cerveau : une question de conscience) – est que les composants du « wetware » doivent être maintenus en vie. Cela signifie qu’il faut les nourrir, les abreuver, contrôler la température et les protéger des germes et des virus.
NDLR : Pour mener à bien cette recherche, les scientifiques ne précisent pas s’ils ont utilisé des cellules souches pluripotentes induites (iPS) ou des cellules souches embryonnaires humaines issus d’embryons fabriqués par fécondation in vitro. Toutefois, la fabrication d’organoïdes de cerveau humain soulève des questions éthiques en soi.
[1] Nos neurones « perçoivent le monde et agissent sur lui en utilisant le même langage que les ordinateurs : les signaux électriques ». Ainsi, les cellules cérébrales humaines, « cultivées en grand nombre sur des puces de silicium », « peuvent recevoir des signaux électriques d’un ordinateur, essayer de les comprendre et répondre ». Les systèmes biologiques, aussi « basiques » qu’ils soient actuellement, « surpassent encore les meilleurs algorithmes d’apprentissage profond ».
[2] BOC pour brain-on-chip
Source : New Atlas, Loz Blain (30/06/2024)