Au Royaume-Uni, des travaux ont débuté dans le cadre d’un projet « controversé » visant à développer un « génome humain de synthèse ». Une recherche « taboue », « jusqu’à présent », car elle pourrait déboucher sur la fabrication de « bébés sur mesure » ou sur des changements « imprévus » pour les générations futures.
Le projet Synthetic Human Genome (SynHG) est le fruit d’une collaboration entre cinq universités britanniques. Il vise à créer un ensemble d’outils qui permettront de synthétiser le premier chromosome humain synthétique – représentant environ deux pour cent de l’ADN total d’un être humain – dans les cinq à dix prochaines années. Les éléments techniques et scientifiques du projet seront associés à des recherches sur les implications socio-éthiques.
Une première subvention de 10 millions de livres
Le Wellcome Trust, « la plus grande organisation caritative médicale au monde », a accordé une première subvention de 10 millions de livres sterling pour lancer le projet, affirmant qu’il pourrait accélérer la découverte de traitements « pour de nombreuses maladies incurables ». Pour le Dr Julian Sale, du laboratoire de biologie moléculaire du MRC à Cambridge, qui participe au projet, « le ciel est la limite ». « Nous cherchons à utiliser cette approche pour générer des cellules résistantes aux maladies que nous pourrions utiliser pour repeupler des organes endommagés, par exemple le foie et le cœur, voire le système immunitaire », indique-t-il.
« Avec SynHG, nous construisons les outils qui feront de la synthèse de génomes de grande taille une réalité, tout en nous engageant de manière proactive dans les questions sociales, éthiques, économiques et politiques qui pourraient se poser à mesure que les outils et les technologies progressent », ajoute le professeur Jason Chin, de l’Institut de technologie Ellison et de l’Université d’Oxford.
Des travaux antérieurs comme point de départ
The Human Genome Project avait a publié une « ébauche du génome humain de référence » en 2000 puis et une « version finale » en 2003, mais il restait des lacunes dans la séquence du génome humain qui n’ont été comblées qu’au cours des années suivantes (cf. La carte du génome humain presque complète).
Une « version préliminaire » de la séquence complète du génome humain a été publiée en 2021 et une « version finale » a été publiée en 2022, suivie d’une « carte complète des fonctions des gènes » (cf. Human Genome Project : la carte complète dévoilée). SynHG cherche à s’appuyer sur ces travaux antérieurs pour mieux comprendre comment les modifications de l’ADN affectent les êtres humains.
« Tester le fonctionnement réel de l’ADN » ?
« Construire de l’ADN à partir de zéro nous permet de tester le fonctionnement réel de l’ADN et de tester de nouvelles théories, car actuellement nous ne pouvons le faire qu’en modifiant l’ADN dans l’ADN qui existe déjà dans les systèmes vivants », considère le professeur Matthew Hurles, directeur du Wellcome Sanger Institute.
Sarah Norcross, directrice du Progress Educational Trust, estime quant à elle que la synthèse des génomes humains est une « étape logique » après ce qui a été réalisé jusqu’à présent en matière de séquençage et d’édition des génomes humains, concédant toutefois que ce type de travail n’est pas « sans controverse » (cf. Edition du génome humain : un sommet pour promouvoir l’éthique ?).
Sources : BBC, Pallab Ghosh et Gwyndaf Hughes (26/06/2025) ; BioNews, Nina O’Toole (30/06/2025) – Photo : iStock