Aux Etats-Unis, la multiplication des enfants issus d’un même donneur inquiète les familles et les spécialistes. Contrairement à la France qui limite à 10 le nombre d’enfants conçus par un même donneur, la loi américaine n’impose aucune limite dans l’usage fait par les cliniques et les banques de sperme des gamètes donnés par les volontaires. Or un simple don permet potentiellement de concevoir des centaines d’enfants. Par ailleurs, les donneurs se voient attribuer un numéro qui peut être transmis aux couples élevant l’enfant. Avec ce numéro, de plus en plus de descendants d’un même donneur parviennent à se retrouver sur internet.
"The donor sibling registry" (“le registre des frères et soeurs nés de donneurs”), un site web créé en 2000 par Wendy Kramer, compte plus de 32 000 personnes dans le monde entier. Cynthia Daily, qui a eu recours avec son mari à un don de sperme, a voulu retrouver la trace des éventuels demi-frères et sœurs de son enfant : elle a créé un groupe sur internet qui a grossi au fil des années jusqu’à atteindre les 150 membres. Cela a généré de nouveaux liens affectifs : les familles ainsi mises en contact sont parties en vacances ensemble à plusieurs reprises.
Ce phénomène n’est pas sans poser des questions éthiques diverses. Lorsque ces frères et sœurs vivent dans une zone géographique assez restreinte sans se connaître, les risques d’entretenir une relation amoureuse – et donc incestueuse malgré eux – n’est pas négligeable. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le manque d’éthique des cliniques spécialisées et des banques de sperme. Les donneurs eux-mêmes se sentent trompés. On ignore enfin comment les enfants vivent l’existence de telles fratries : "Comment peut-on créer des liens avec autant de frères et sœurs ? Que signifie le mot ‘famille’ pour ces enfants ?" s’interroge Wendy Kramer.
Le Figaro.fr 06/09/11