Aux Etats-Unis, la recrudescence de "donneurs [de sperme] compulsifs", parents de centaine d’enfants, relance les débats éthiques autour du don de gamètes (Cf. Synthèse de presse du 08/09/11) . Rémunéré, le don de sperme est aujourd’hui une pratique banalisée aux USA. On assiste d’ailleurs au boum d’une tendance militante pour la levée de l’anonymat. Certains donneurs font leur "coming out" sur Internet, dans l’idée de laisser à leurs enfants la possibilité de connaître leur père.
Dès en 1983, la banque "The Donor Sibling Registry" (DSR, “le registre des frères et sœurs nés de donneurs”), seul établissement à but non lucratif aux Etats-Unis, a mis en place un "Identity-Release Program" qui permet aux enfants nés de cette technique de contacter leur donneur à 18 ans. La DSR est aussi une des rares banques à imposer une limite de 10 enfants par donneurs. Le but de cette restriction est d’éviter les problèmes de consanguinité, les risques d’inceste et de propagation des maladies génétiques qui s’intensifient et inquiètent le pays. Wendy Street, directrice du DSR, accuse les cliniques de jouer "à la roulette avec des vies humaines".
Selon les estimations, 30 000 à 60 000 enfants par an sont issus de dons de sperme aux Etats-Unis. Naomi Cahn, professeur de droit, souligne que même "si l’American Society for Reproductive Medicine recommande de limiter les dons à 25 naissances pour 800 000 habitants, la plupart des banques de sperme n’en font cependant qu’à leur tête car elles sont motivées par la recherche du profit". Auteur du livre "Test Tube Families : Why the Fertility Market Needs Legal Reguation", elle dénonce le fait qu’aux Etats-Unis, "le droit à l’enfant prime sur le droit de l’enfant".
Le Madame Figaro (Anne Sengès) 17/11/11